La scène choquante a été diffusée en masse sur les réseaux sociaux. On y voit une enseignante violemment bousculée par l'un de ses élèves pendant le cours. Trois lycéens ont été placés en garde à vue.
Cette tragédie s'est passée en Seine-et-Marne, le 8 octobre au lycée professionnel Jacques-Prévert, à Combs-la-Ville. Elle a eu lieu dans le huis clos d’une salle de classe. Alors que l'enseignante tentait d’empêcher le jeune homme de quitter la classe en plein cours, ce dernier hausse le ton : « Wallah écarte-toi de ma rue. Eh le Coran, poussez-vous Madame ! ». « Ne me touchez pas », prévient l'enseignante en précisant d'un tel ton n'est pas toléré en classe. Suite à cela, la victime a été violemment projetée contre le mur puis au sol, par l'ouverture brusque de la porte par l'élève.
Une réunion de crise a eu lieu le lundi matin. Des représentants de l'Éducation nationale sont venus à la rencontre du personnel de l'établissement et de la victime.
« Je ne pensais pas que ça irait aussi loin »
Afin de sensibiliser les élèves sur l’agression, le proviseur a décidé de les réunir dans la cour. Un suivi psychologique va être mis en place pour les lycéens. Beaucoup ont été profondément choqués par la scène diffusée sur les réseaux sociaux. Raphaël, élève dans une autre classe, n’a pas été épargné. En effet, le jeune homme a été ébranlé : « Il la pousse et un seul élève se lève. Ça m'a choqué. Les 24 autres élèves n'ont rien fait. Je ne m'y attendais pas, on a déjà eu des bagarres ici mais je ne pensais pas que ça irait aussi loin », assure-t-il.
De lourdes sanctions envisagées pour l'élève
Au vu de cet acte gravissime, de lourdes sanctions ont été prises à l’encontre de l'élève. Valérie Debuchy, directrice des services de l'Éducation nationale de Seine-et-Marne, a assuré que deux plaintes seront déposées par l'enseignante et le proviseur. La première contre l'agresseur, la seconde contre ceux qui ont diffusé la vidéo. « Nous souhaitons vraiment qu'il n'y ait aucune impunité et que l'on puisse montrer que l'école de la République ne peut pas être déstabilisée par des phénomènes aussi intolérables. Je pense que la vidéo qui a tourné est sans appel et a choqué bien au-delà de la communauté éducative », explique-t-elle.
Immédiatement prévenu, le chef d’établissement a pris en main la situation. Samedi dernier, le rectorat avait décidé que l'élève avait « interdiction d'accès à l'établissement à titre conservatoire » et « s'expose à de lourdes sanctions disciplinaires ». Le recteur de l'académie de Créteil Daniel Auverlot a condamné « avec la plus grande fermeté cet acte isolé », assurant à l'enseignante et à l'équipe pédagogique son « soutien plein et entier. »
Lundi, trois lycéens ont été placés en garde à vue pour avoir filmé et diffusé la vidéo de l'agression de l'enseignante en Seine-et-Marne. L’un est majeur et les deux autres sont mineurs. Ces trois jeunes sont en garde à vue depuis lundi après-midi, a indiqué la procureure de Melun Béatrice Angelelli à l'Agence France-Presse.
Encore sous le choc, l’enseignante fait actuellement objet d'une « protection fonctionnelle » ainsi que d'un « appui psychologique ».
Des nouvelles mesures adaptées pour les élèves violents
En attendant son conseil de discipline, l’élève agresseur a été directement exclu du lycée. Ce dernier avait déjà eu des problèmes de comportement en seconde. Le président du Syndicat national des lycées et des collèges Jean-Rémi Girard a appelé à mettre en place des mesures adaptées pour les élèves agressifs. Le président du Syndicat n'est pas étonné de la récidive du jeune homme : « C'est assez rare qu'un élève très calme envoie tout d'un coup une porte au visage d'un professeur », juge-t-il.
Avant d'en arriver là, plusieurs dispositions doivent être prises par les établissements. « Généralement on passe par le dialogue, il peut y avoir des commissions éducatives, des punitions données par les enseignants et des sanctions du chef d'établissement. Mais à un moment, on a une partie des élèves qui sont ingérables et très compliqués en communauté, donc il faut aller jusqu'à l'exclusion définitive de l'établissement », déclare-t-il.