Des millions d’élèves en France ont rendu hommage vendredi à Samuel Paty, l’enseignant poignardé et décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves lors d’un cours sur la liberté d’expression. Pendant que l’établissement scolaire Jean Zay faisait une minute de silence, un ado de 11 ans a crié : « Allah Akbar ! ». L’adolescent a écopé d’un avertissement. Suite à cela, son père réagit en proférant des menaces de mort envers le personnel du collège.
Un parent menace de mort le personnel d’un collège
Quand l'établissement Jean Zay avait prévenu le père de l’adolescent, celui-ci n’avait pas caché sa fierté par rapport au geste de son fils. Selon ses dires, Samuel Paty avait eu ce qu'il méritait. Le père du collégien avait plusieurs fois prononcé des menaces de mort envers la direction du collège et avait tenu des propos injurieux contre la cheffe d'établissement. La police l’a donc interpellé et placé en garde à vue lundi.
Le père, un agent de sécurité de nationalité française et âgé de 43 ans habitant à Valence, fait actuellement l’objet d’un contrôle judiciaire. Le parquet avait demandé sa comparution immédiate et son placement en détention provisoire. Le parquet de Valence a annoncé, mercredi 20 octobre que son jugement aura lieu le 20 janvier.
Son examen psychiatrique n’indique « aucune pathologie psychiatrique ni de troubles de la personnalité malgré un potentiel impulsif », selon les précisions du parquet. Par conséquent, « son discernement n’étant ni aboli ni altéré au moment des faits, il est totalement responsable de ses actes ». a-t-on ajouté.
Selon le communiqué du rectorat de l’académie de Grenoble, l'élève de 11 ans et scolarisé en classe de cinquième, sanctionné pour avoir perturbé la minute de silence s’est finalement remis en question. En effet, le jeune homme a proposé de présenter ses excuses auprès de son professeur et de ses camarades.
Une perquisition inquiétante
Lors d’une perquisition au domicile familial, les enquêteurs ont fait une découverte troublante. Ces derniers ont retrouvé chez le père « une bible, deux livres salafistes, un nunchaku, un sabre, une canne-épée ainsi que la somme de 11 500 euros », indique le procureur de la République à Valence, Alex Perrin, cité dans un communiqué.
Même si l’homme n’est pas connu des services en charge du suivi de la radicalisation, ni fiché, sa garde à vue a été prolongée. Selon le parquet, ce dernier « n'a pas contesté la totalité des faits, notamment qu’il s’en était pris verbalement au personnel éducatif et qu’il allait mettre le feu à l’établissement mais les a minimisés en évoquant sa colère face à la situation ».
D'autres menaces recensées en France
Selon le bilan officiel de l’Éducation nationale, une centaine d’incidents lors de l’hommage à Samuel Paty ont été recensés. Interrogé mardi sur l’incident au collège de Valence, en marge du lancement à Paris de son plan de formation à la laïcité pour les enseignants, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a répondu que chaque menace est à prendre au sérieux et qu’elles faisaient toutes l’objet d’un suivi. « Nous avons maintenant, avec le ministère de l’intérieur, des cellules de suivi des phénomènes de radicalisation. Ça permet de voir ce qui se passe avec une famille comme celle-ci » et de décider « des mesures sociales et pénales, éventuellement, à prendre, de façon à ne pas laisser sans suite des phénomènes comme cela », a déclaré le ministre.
