La crise au Liban s’accentue. Ce week-end, le peuple libanais a fait face à une coupure d’électricité qui a duré plus de 24h. 6 millions de personnes sont restées dans le noir total au milieu d’un mécontentement grandissant.
Une situation chaotique
En réponse à cet incident dédaigneux, la compagnie nationale d’électricité a affirmé que la fermeture des deux principales centrales électriques avait pour cause, la pénurie de carburant. Cela a lourdement affecté l’efficacité du réseau et a provoqué une panne générale.
L’électricité n’est revenue que dimanche soir à une heure tardive. C'était notamment suite à un prêt de 100 millions de dollars accordé par la banque centrale. En effet, le ministère de l’Energie a utilisé ce crédit pour s’approvisionner en carburant et garantir ainsi le retour du fonctionnement des générateurs.
Les coupures répétitives d’électricité viennent s’ajouter à une liste interminable de problèmes sociaux et économiques qui rongent le pays. Crise du secteur bancaire, pénurie alimentaire, fermeture des commerces, débordement des hôpitaux, etc. Le Liban a sombré dans l’anarchie. Nous mentionnerons aussi l’effondrement vertigineux de la monnaie nationale qui repose sur des taux de change volatils dictés par le marché noir.
Beyrouth endeuillée
Beyrouth, autrefois surnommée le « Paris du Moyen-Orient », est désormais une ville fanée, éteinte. Après le terrible incident du 4 août 2020, plusieurs commerces ont été définitivement détruits.
Depuis le début de l’été, la capitale a eu des nuits particulièrement pénibles à cause de l’absence de l’électricité. Face à la canicule, le peuple du Liban n’avait même pas la possibilité de se rafraîchir. Désormais, voir les boutiques fermées ou fonctionner dans l’obscurité est une scène quotidienne. Les vendeurs qui peuvent garder les lumières opérationnelles sur leurs devantures font partie des rares chanceux qui ont réussi à se procurer du carburant. Aussi, lorsque l’électricité coupe, les tensions s’installent. Les épiciers refusent de vendre autre chose que de l’eau. C’est l’une des conséquences du changement volatil de la lire libanaise dont la valeur varie d’une coupure de courant à une autre.
Face aux étagères vides, la détresse est palpable. Commerces, restaurants et foyers ont du mal à s’approvisionner. Il est impossible de préserver des aliments en grande quantité au frais. Ainsi, les clients ne peuvent acheter que des portions minimes de produits comme le fromage ou la viande. Les foyers crient famine. Les Libanais ne peuvent pas garder des produits alimentaires dans le réfrigérateur à cause du risque de péremption. En effet, l’une des conséquences de la situation actuelle est l’augmentation des cas d’intoxication alimentaire.
Comment la situation a-t-elle atteint un tel paroxysme ?
Des décennies de corruption peuvent expliquer la dévastation actuelle qui ravage le Liban. Pendant des années, le pays a connu des pannes mineures qui ont été gérées quotidiennement. Cela résulte d’une mauvaise gérance du secteur de l’électricité. Bien que la population semble avoir pris l’habitude à cette réalité gênante. Les plus fortunés ont recours à des générateurs pour contrer ces pannes devenues prévisibles. Or, cela n’en réduit pas l’impact.
Il faut savoir que l’économie libanaise est basée sur l’import à 80 %, y compris pour le carburant. Au milieu de la crise politique qui ravage la région, les prix ont gonflé. On citera notamment la contrebande vers la Syrie et la thésaurisation dans le but de le revendre à des prix exorbitants. Aussi, la banque du Liban, à court de dollars, a restreint les importations de carburant subventionné. De même, les procédures d’accord de crédit aux importateurs de carburant et aux stations-service ont été latentes. Cette banque a également choisi de mettre fin aux subventions sur le diesel.
Tous ces éléments ont rendu ce produit essentiel, inaccessible et inabordable pour une majorité du peuple libanais. Il est effrayant de constater que 78 % du peuple sont tombés dans une situation alarmante d’appauvrissement au cours des deux dernières années. Cela marque donc l'une des plus grandes dépressions des temps modernes.