Jour après jour, la lutte contre le trafic de l'ivoire provenant des éléphants devient de plus en plus intense. Maintenant, ces trafiquants s'intéressent également aux bénitiers géants. Ces gros mollusques en danger d'extinction possèdent des coquilles sculptées qui ressemblent beaucoup à l'ivoire. Bien qu'il soit un crime intergénérationnel, le prélèvement et le trafic des tridacnes géants se poursuivent dans plusieurs pays? mettant au péril l'équilibre de l'écosystème marin. Découvrez plus de secrets sur ce trafic dans la suite de cet article.
La coquille des bénitiers géants en substitut de l'ivoire
Provenant principalement des défenses des éléphants ou des cornes de rhinocéros, l'ivoire appelé aussi l'or blanc est très recherché partout dans le monde, notamment en Chine pour en faire des objets décoratifs. Face à l'interdiction de la commercialisation de l'ivoire, les trafiquants se tournent vers une autre matière : la coquille des bénitiers géants. Il s'agit du plus gros mollusque bivalve connu. Il pèse près de 250 kg pour un 1,5 m de large. Cette espèce est protégée car elle est menacée d'extinction.
Le plus grand coquillage du monde, le tridacne géant est un mollusque qui vit dans l'océan Indien et l'océan Pacifique. Déjà très recherché pour sa chair, il fait face à une nouvelle menace qui vient le guetter. En effet, les trafiquants le cherchent pour vendre ses coquillages. Ces derniers sont très demandés en Chine, puisqu'ils ressemblent à l'ivoire issu de l'Afrique.
Une saisie record des bénitiers géants aux Philippines
Selon l'ONG néerlandaise, Wildlife Justice Commission (WJC), qui s'intéresse aux crimes contre la vie sauvage, plus de 133 000 tonnes de coquilles ont été saisies aux Philippines depuis 2016. Les opérations se sont poursuivies et les autorités ont découvert un autre stock de 132 000 tonnes de coquilles au sud-est du pays. Elles sont destinées à la fabrication des produits cosmétiques, des remèdes traditionnels et des bijoux. Elles sont vendues à 2 000 pesos philippins la tonne (34 euros)
Dans l'une des plus vastes luttes contre le trafic illégal, les autorités de l'Archipel de Palawan aux Philippines ont saisi 200 tonnes de coquilles de bénitier fossilisées en avril 2021. La valeur estimée de cette saisie s'élève à 21,6 millions d'euros.
Vu que le braconnage des éléphants en Afrique est plus durement sanctionné, les prix des bénitiers géants ont explosé. Le commerce illégal continue ainsi à battre son plein.
Des efforts pour augmenter à nouveau les populations
Depuis que le commerce de l'ivoire a été interdit par la Chine en 2017, les trafiquants optent pour une alternative plus intéressante dont le négoce est moins surveillé pour le moment. Les Chinois constituent la première clientèle de ce commerce dans le monde. Ils appellent les tridacnes géants « l'ivoire des Mers« . Ils s'intéressent particulièrement aux bijoux et aux sculptures en blanc immaculé, conçus à base des coquilles de ces bénitiers géants. Ces produits remplacent ainsi petit à petit ceux faits à base d'ivoire.
Le trafic de tridacnes géants constitue une vraie catastrophe pour cette espèce. En effet, ces coquillages abritent plusieurs sortes d'algues. Elles représentent donc une source de nourriture pour beaucoup de poissons. Suite aux collectes massives de ces mollusques, ils ont disparu dans plusieurs régions. C'est pour cette raison que beaucoup d'opérations de repeuplement ont été déployées pour augmenter à nouveau le nombre de ces espèces. Cependant, le commerce illégal peut visiblement anéantir tous ces efforts.
L'ampleur du trafic des bénitiers géants est difficile à estimer. « Les volumes saisis récemment sont alarmants », souligne Elizabeth John du réseau Trafic, une organisation qui poursuit le commerce illégal des espèces sauvages. Cela a considérablement augmenté suite à la pandémie selon la WJC. Cette organisation avance le fait que beaucoup de pêcheurs ont perdu leur travail habituel. Par conséquent, ils se sont tournés vers la collecte massive et le trafic des bénitiers géants.