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Liban : Le Hezbollah de plus en plus puissant

Lundi 18 octobre, dans une allocution télévisée, le dirigeant du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a déclaré que son parti dispose de 100 000 guerriers bien entraînés et armés jusqu’aux dents. En outre, il a mis en garde Samir Geagea, chef des « Forces Libanaises » (FL), contre toute tentative de l’entraîner dans « une guerre civile ».

Une révélation dont l'objectif est « d'éviter une guerre civile »

Au cours d’une allocution télévisée, le dignitaire chiite a accusé le parti chrétien d’avoir ouvert le feu sur ses partisans provoquant la mort de sept personnes, ainsi que de vouloir déclencher une nouvelle guerre civile. « C’est un chiffre que je vais révéler pour la première fois : notre parti compte 100 000 combattants, entraînés et armés », a affirmé Hassan Nasrallah, soulignant qu’à travers cette annonce il espère « empêcher une guerre et non pas menacer d’une guerre civile ».

« Ce que je conseille aux Forces libanaises et à leur chef Samir Geagea, c’est d’abandonner l’idée de la guerre civile et du conflit intérieur » ajoute-t-il.  » Vous avez fait un mauvais calcul (…) la région n’a jamais connu un Hezbollah aussi puissant« .

Le Hezbollah et son allié le mouvement Amal, ont organisé jeudi dernier, une manifestation devant le Palais de justice de Beyrouth. Ils voulaient faire pression pour remplacer le juge Tareq Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion qui a frappé le port de Beyrouth le 4 août 2020. Les Forces Libanaises (FL) sont donc accusées d’avoir déployé des snipers sur les toits des édifices du quartier chrétien, et d’avoir tiré sur les protestataires.

Samir Geagea, leader des FL, a démenti cette version des faits, et a assuré que les habitants du quartier étaient en position de « défense », face aux activistes du Hezbollah qui ont essayé d’entrer dans leurs maisons.

Il est à rappeler que le Hezbollah est le seul mouvement au Liban qui a pu garder ses armes d’une façon légale suite à la guerre civile (1975-1990), sous prétexte de la « résistance » contre Israël.

Geagea est « La plus grande menace pour les chrétiens »

Par ailleurs, Hassan Nasrallah a rappelé que son parti a fait la guerre en Syrie et tout le long de la frontière libano-syrienne, pour « défendre les chrétiens autant que les musulmans « . Aucune exaction à leur encontre n’a jamais été commise, que ce soit après le retrait israélien du Liban-Sud, ou durant le conflit syrien.

« La plus grande menace à laquelle les chrétiens du Liban font face, c’est le parti des Forces libanaises et son chef », a-t-il lancé. Le dignitaire chiite les accuse d’avoir déjà « collaboré » avec les mouvements jihadistes : le Front al-Nosra et l’Etat islamique.

S’inspirant d’événements historiques récents, Nasrallah a essayé de montrer à plusieurs reprises, que son mouvement avait défendu les chrétiens. En même temps, Samir Geagea mettait en avant les intérêts de son parti ainsi que ses propres calculs politiques.

Cet argumentaire à l'attention des chrétiens libanais, était essentiellement destiné au public du parti Courant patriotique libre (CPL). En effet, Michel Aoun (président du Liban et fondateur du CPL) et Gebran Bassil (chef du CPL), ont déjà lancé de vives critiques à l’encontre du Hezbollah, quelques jours avant le discours télévisé de son dirigeant.

En référence à l’armement du parti chiite, Gebran Bassil a assuré que « les armes ne peuvent être une garantie contre la sédition ». Michel Aoun a, quant à lui, mis en garde contre toute tentative de  » prendre tout un pays en otage de ses propres calculs politiques », dans une critique indirecte à la formation chiite.

L’Affaire Bitar en arrière-plan

Hassan Nasrallah a, d’autre part, répété ses accusations de « politisation » contre le juge Tarek Bitar.  » Nous refusons que l’investigation à propos de la double explosion au port de Beyrouth soit politisée », a-t-il insisté.

« Les juges, qui ont autorisé l’entrée et le stockage du nitrate d’ammonium dans le port, ont la plus grande part de responsabilité » a-t-il ajouté. Toutefois, aucun de ces responsables judiciaires n’a été critiqué, contrairement à plusieurs dirigeants politiques.

« Notre demande que le juge Bitar soit changé est prise pour une menace. Mais qu’en est-il des pressions américaines qui mettent en garde contre tout changement du magistrat en charge de cette enquête ?  » s’est-il interrogé.

Le Hezbaollah et Amal, mais aussi des dirigeants sunnites et chrétiens figurant sur la liste des suspects, exigent le dessaisissement du juge Bitar. Malgré les énormes pressions, ce dernier est déterminé à mener son enquête jusqu’au bout.

La Cour de cassation a fini par considérer les recours des députés et ex-ministres à l'encontre du juge non-recevables, lui autorisant ainsi de reprendre ses investigations.