Dévoilant ses prévisions économiques pour la fin de l’année, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) déclare que la France devrait connaître une baisse historique du taux de chômage. Ce dernier devrait atteindre 7,6 % au troisième trimestre de 2021.
Un taux de chômage au plus bas depuis 2008
« La France va clôturer l’année avec un taux de chômage de 7,6 % ce qui est du jamais-vu depuis 2008 ». Voilà ce que nous dévoile l’Insee dans sa « note de conjoncture » du mois d’octobre, qui traite des perspectives attendues de l’économie nationale pour le dernier trimestre de l’année 2021.
Ce niveau de chômage, particulièrement bas, n’a jamais été recensé depuis le premier trimestre 2008 (sans prendre en considération l’année 2020 marquée par le Covid-19), soit, il y a plus de treize années.
À la suite d’une année catastrophique en 2020, l’Insee prévoit que d’ici la fin de 2021, 474 000 emplois auront été créés, contribuant ainsi à la baisse du taux de chômage.
Fait curieux, parmi les secteurs qui embauchent figurent ceux qui ont bien souffert durant la pandémie Covid-19, à savoir le commerce, les services aux entreprises, la restauration et l’hébergement.
D’après Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du cabinet d’audit et de conseil BDO-France, le chiffre de 7,6 % est très surprenant. En effet au début de la crise, la Banque de France prévoyait un taux de chômage entre 10 % et 12 %.
« Quoi qu’il en coûte » a précisé Macron
Mentionnée par Emmanuel Macron dans une allocution le 30 août 2020 (en pleine crise sanitaire), cette expression est vite devenue un slogan rassurant pour les Français. Le président de la République française s’est inspiré de « Whatever it takes » (tout ce qu’il faudra), prononcé par Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne en 2012, lors de la débâcle qu’a vécu la zone euro.
« En réalité, l’intervention gouvernementale a joué un rôle déterminant dans la conservation des capacités financières des entreprises. Une fois la demande mondiale a repris, celles-ci étaient capables de recruter à nouveau » ajoute Anne-Sophie Alsif.
Des prêts garantis par l’État, de l’ordre de 140 milliards d’euros, ont permis à des centaines de commerçants, entreprises ou encore artisans de conserver leurs activités.
En outre, deux millions de personnes ont bénéficié à ce jour du « Fonds de solidarité » qui est une aide exonérée de charges sociales, d’un montant global d’environ 34 milliards d’euros.
Avec la crise sanitaire, les dépenses publiques passaient de 55 % du PIB à 63 %, permettant ainsi d’embaucher des milliers de personnels médicaux et de recruter des fonctionnaires pour l’armée et l’enseignement.
Toutefois, il n’y a pas que l’intervention gouvernementale. Selon l’Insee, « déjà deux années avant la crise sanitaire, le taux de chômage tendait à baisser de l’ordre de 0.5 point au moins par année », nous dévoile Julien Pouget, chef de département de la conjoncture à l’Insee.
Baisse du chômage : « une parenthèse enchantée »
Le taux de 7,6 % est dépendant de l’absence de nouvelles restrictions sanitaires. « C’est en quelques sortes un rattrapage qui suit la crise de 2020. Un retour à un taux de chômage supérieur à 8 % est quasi inévitable dès 2023 » estime Anne-Sophie Alsif.
Les faiblesses du marché de l’emploi en France subsistent toujours. Notons à titre d’exemple le taux de chômage alarmant chez les jeunes de 15 à 24 ans.
Selon une étude datant du 16 juillet 2020, celui-ci a grimpé de 18,7 à 21,2 % entre février et mai 2020. Cependant, chez nos voisins européens, ce taux est resté presque stable : en Espagne (32 à 32,9 %), en Allemagne (5,5 à 5,4 %) et en Italie (28 à 23,5 %).
Depuis juillet 2020, Macron a dévoilé plusieurs propositions à cet égard :
- Un dispositif d’exonération de charges pour soutenir l’emploi des jeunes
- 200 000 opportunités de formations supérieures qualifiantes.
- 300 000 contrats d'insertion pour les jeunes n’ayant pas pu signer un contrat d’apprentissage.
- Une aide versée aux entreprises qui embauchent des apprentis.
- 100 000 contrats supplémentaires de service civique.