La crise, qui a débuté avec l'annulation d'un contrat de vente de 12 sous-marins français à l'Australie, a brutalement perturbé la stratégie Indo-Pacifique. Pour la France, il s'agit d'une haute trahison des trois pays : L'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis. De plus, cette nouvelle coalition trilatérale, qui a suscité de la colère et du ressentiment, pourrait avoir de nombreuses répercussions sur l'avenir de l'alliance atlantique.
Les conséquences de la rupture du contrat des sous-marins
La rupture de contrat de l'Australie et la signature d'un autre avec les États-Unis, ont provoqué un tsunami diplomatique entre les pays « amis ». Les conséquences iront-elles jusqu'au retrait de la France de l'OTAN ? La situation est de plus en plus alarmante, d’autant plus qu'à partir du 1er janvier, la France assumera la présidence de l'Europe. Les États-Unis et l'Australie maintiennent dans l'Indo-Pacifique une stratégie visant à contrer la Chine, comme le montre la nouvelle alliance Aukus. De son côté, la France s'y oppose entièrement.
Bien que le quai d'Orsay ait convoqué les ambassadeurs d'Australie et des États-Unis, leurs ambassades respectives ne risquent pas toutefois de fermer leurs portes. La France a simplement voulu manifester son grand mécontentement à ses anciens partenaires. Il faut savoir que la France compte 1,6 million de citoyens français qui habitent la région Indo-Pacifique, notamment : les îles de Mayotte et de La Réunion, les îles Éparsesles terres australes et antarctiques françaises, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française et Clipperton.
En qualifiant l'Australie et les États-Unis d'« anciens partenaires », la France cherche à faire comprendre à Joe Biden qu'il ne s'agit pas d'un simple coup de colère suite à la perte de ce contrat.
À quel point la crise diplomatique s'est-elle aggravée ?
Les tensions ont commencé à s'apaiser depuis mercredi dernier, suite à une communication entre Joe Biden et Emmanuel Macron. Le président français a tout de même pris ses distances vis-à-vis de ses homologues britannique et australien.
Par ailleurs, la crise diplomatique a mis à nu les faiblesses de la France sur la scène internationale. Michael Weil, ancien sous-secrétaire d'État à l'Europe, a expliqué qu'en négligeant la France, la Maison Blanche a ainsi raté une belle occasion de montrer son unité avec ses alliés sur le vieux continent. Les USA ont donné ainsi à Pékin l'opportunité de renforcer ses liens avec la France. Rappelons que les États-Unis et la Chine cherchent à affirmer leur suprématie dans la zone Indo-Pacifique.
Quant à Scott Morrison, le Premier ministre australien, il affirme que la France a été mise en garde contat à la possibilité de rompre le contrat de sous-marins. De plus, le ministre de la Défense australien Peter Dutton estime que le pays a été « franc, ouvert et honnête » en rappelant à plusieurs reprises que son gouvernement s'est dit préoccupé par le risque de dépassements et de retards budgétaires.
Cependant, la France dément avoir été informée de la situation. Le gouvernement français a considéré ce changement comme « un poignard dans le dos. » Dans un communiqué, Naval Group a affirmé que ses équipes en France comme en Australie et leurs partenaires, ont fait de leur mieux et qu'ils ont '' respecté tous les engagements « . Le groupe industriel a également déclaré que la négociation financière juridique du contrat 2022 et 2023 était déjà en cours. « Le navire proposé correspond à 100 % aux options de la marine australienne, avant l'annonce du retournement géopolitique« , a indiqué le groupe.
Quelles conséquences cette rupture de contrat entraînera-t-elle pour Naval Group ? Pour Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, il s'agit avant tout d'une « rupture morale ». L'impact de l'annulation du contrat n'est pas si conséquent sur l'avenir des employés du groupe. En effet, tous les salariés qui travaillaient sur le projet vont être redéployés dans d'autres activités en cours.