Réchauffement climatique, envolée des prix du gaz et de l’électricité… Ces dernières années, l’atome retrouve du crédit auprès des investisseurs et politiques audacieux. À quelques mois des élections présidentielles, le débat sur nucléaire divise les candidats.
Emmanuel Macron : un candidat pro-nucléaire ?
Le mardi 12 octobre Emmanuel Macron présente à l’Élysée « France 2030 », un plan d’investissement de plusieurs milliards d’euros qui cible une dizaine de secteurs prometteurs. À cette occasion, le président français serait en faveur du financement des SMR (petits réacteurs nucléaires), pour venir en aide aux centrales nucléaires, déjà existantes.
En pleine crise énergétique et à six mois des élections présidentielles, certains analystes considèrent que le chef de l’État doit être clair quant à la place que doit occuper le nucléaire dans sa campagne électorale. Pour Julien Aubert, député pro-nucléaire, Macron doit : soit continuer sa politique écologique soit miser franchement sur le nucléaire, coupant ainsi l’herbe sous les pieds de ses adversaires de droite, qui font tous campagne sur l’atome.
Quant à Jean-Charles Colas-Roy, député LREM de l’Isère, il ne voit aucune ambiguïté dans la position d’Emmanuel Macron. Ce dernier, selon lui, souhaite développer les énergies renouvelables tout en investissant dans le nucléaire. Il rappelle, par ailleurs, que 470 millions d’euros sont prévus pour le nucléaire, dans le cadre du plan de relance post Covid-19.
Le nucléaire pour contrer la hausse des prix
Sur les ondes d’Europe 1, Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d'énergie nucléaire, défend l’utilisation du nucléaire pour relever les défis énergétiques. Elle estime que la France fait face à un choc gazier entraînant une montée des prix, notamment de l’électricité. Toutefois, le parc nucléaire est capable de sauver la mise. Par la même occasion, Faudon considère que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessnheim en 2020, est simplement regrettable.
Pour elle, la démarche écologiste qui mise sur les centrales à gaz au lieu de l’énergie nucléaire est absolument à éviter. En effet, lutter contre la pollution à travers l’utilisation du gaz naturel est un exemple de contradiction, puisque les centrales à gaz sont très émettrices de gaz à effet de serre. En contrepartie, une centrale nucléaire n’émet ni poussières, ni particules fines, ni dioxyde de soufre, ni dioxyde de carbone. Elles produisent de l’électricité à bas coût, et sont ainsi capables de protéger les Français contre la hausse des tarifs de l'électricité, due à l'explosion des cours du gaz.
Valérie Faudon affirme, en outre, que l'approvisionnement des besoins en électricité à travers l’énergie nucléaire est ce qu'il y a de moins cher, pas seulement en France, mais partout dans le monde.
Quant aux possibles interruptions de production de ces centrales, il faut rappeler que la France détient sur son sol des réserves d’uranium suffisantes pour 10 années.
Les Français doivent-ils craindre le nucléaire ?
Selon Fabien Bouglé, militant associatif et fin connaisseur du secteur énergétique en France, l’activité et les déchets nucléaires sont extrêmement dangereux. Toutefois, une étude d’Harvard dévoile que les centrales au charbon causent chaque année la mort de 10 millions de personnes à travers la planète. Ce genre d’accident est moins spectaculaire que les catastrophes nucléaires et a de faibles chances de capter l’intérêt des médias.
De plus, les statistiques de l’OMS prouvent que le nucléaire est la source d’électricité la moins mortelle. Ces idées reçues doivent être ainsi combattues par la science, puisque les antinucléaires utilisent les préjugés pour créer une forte anxiété chez l’opinion publique, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde.
D'un autre côté, le programme nucléaire français affiche déjà de bons résultats en matière de sûreté avec une absence totale d’incidents notables à ce jour.
Si la France veut garantir sa souveraineté électrique, une relance de la filière nucléaire semblerait plus que jamais indispensable.