C’est un petit goût de paradis, citrus Paradisi, ou pamplemousse pour le grand public. Ce fruit possède une très haute teneur nutritive et des bienfaits incomparables pour la santé. Vous pouvez le manger cru ou en jus, mais la meilleure façon de profiter du pamplemousse est sous forme d’extrait.
L’extrait de pépin de pamplemousse (EPP) est considéré depuis une vingtaine d’années comme un antibiotique naturel, permettant de lutter contre les bactéries les plus tenaces, les virus et les champignons fongiques.
Qu’est-ce qu’un antibiotique et comment il fonctionne ?
Les antibiotiques sont une catégorie de médicaments, utilisés pour lutter contre une infection causée par une bactérie. Certains d’entre eux sont conçus pour s’arrimer à la paroi de la bactérie un peu comme des clés dans une serrure. Une fois les cibles touchées, la paroi s’abîme. Après de multiples attaques, elle est entièrement percée et démolie et la bactérie n’en échappe pas.
D’autres types d’antibiotiques agissent à l’intérieur de la bactérie et s’attaquent à tout le système en le bloquant. La bactérie ne peut plus produire de protéines. Par conséquent, elle ne fabrique plus les substances dont elle a besoin pour se multiplier et l’infection est alors stoppée. D’autres types d’antibiotiques s’attaquent directement à l’ADN.
Un antibiotique qui tue la bactérie est un antibiotique bactéricide. S’il bloque sa multiplication, on parle alors d’antibiotique bactériostatique. Il existe également des antibiotiques dits « à large spectre ». Ceux-ci s’attaquent à plusieurs types de bactéries en même temps, mais pas à plusieurs niveaux.
Pourquoi s’orienter vers des antibiotiques naturels ?
Les antibiotiques ont révolutionné la médecine et ont sauvé de nombreuses vies. Malheureusement, la mauvaise utilisation de ces médicaments s’apparente toujours à l’apparition plus inquiétante de germes résistants. C’est un sujet d’actualité puisque les scientifiques se rendent compte de plus en plus du danger que nous encourons à cause de cette résistance. D’autant plus que dans 90 % des cas, les antibiotiques ne sont pas nécessaires car le responsable de l’infection est un virus ou un champignon.
Un autre problème des antibiotiques synthétiques est qu’ils détruisent les bonnes bactéries. L’intestin et le vagin renferment des bactéries utiles à l’organisme. Si elles sont détruites par les antibiotiques, vous pouvez avoir des effets secondaires comme la diarrhée ou les mycoses vaginales.
Bien sûr, ce développement terrifiant pousse à chercher des alternatives saines aux antibiotiques de synthèse, de préférence sous forme de remèdes naturels.
Le pamplemousse, un antibiotique naturel très efficace
Lorsqu’il est pris au début d’une infection virale banale, le pamplemousse peut prévenir une surinfection bactérienne et ainsi éviter l’usage d’un antibiotique.
Utilisé sous forme d’extrait pur, il est même capable d’agir comme un vrai antibiotique. C’est ce que démontre une étude récente, publiée en 2021 dans le journal Antibiotics. Cette étude visant à évaluer l'activité antibactérienne de l’extrait de pépin de pamplemousse a conclu que : l’EPP est une substance antibactérienne d'origine naturelle qui présente un effet antibactérien favorable contre les bactéries multirésistantes, et ce même à une très faible concentration. [1]
L’EPP présente un grand avantage par rapport aux antibiotiques chimiques traditionnels grâce à ses propriétés sélectives. La sélectivité permet de distinguer les bactéries pathogènes, considérées comme ennemies, des bactéries bénéfiques qui composent la flore bactérienne physiologique. Cela fait de cette substance un traitement alternatif sain et efficace.
Ce qui est plus surprenant encore, c'est qu’au-delà de son efficacité, l’EPP agit très rapidement par rapport à d’autres antibiotiques. De plus, il est sans danger et ne présente pas de toxicité pour le corps.
Les polyphénols, responsables de l’effet antibiotique de l’huile de pamplemousse
L'activité antimicrobienne et antibactérienne de l'extrait de pépins de pamplemousse a été rapportée dans de nombreuses études. Elle est liée aux polyphénols, en particulier les flavonoïdes, tels que la naringénine, la quercétine, le kaempférol, les tocophérols, les limonoïdes et l'acide citrique. [2,3]
À titre d’exemple, le kaempférol présente la plus forte activité antibactérienne contre l’E. coli et la quercétine a un effet inhibiteur sur les bactéries résistantes aux antibiotiques H. pylori.
Les flavonoïdes sont une classe très importante d'antioxydants car ils affectent directement la croissance bactérienne en entravant son activité pathogène. Le mécanisme d'action des antioxydants en tant qu'antibactériens n'est pas encore entièrement compris, mais certaines recherches révèlent que l'activité antibactérienne attribuable implique trois mécanismes de base : la perméabilité de la membrane externe, la fuite du cytoplasme et l'inhibition de la formation d'acide nucléique. L'activité antibactérienne des polyphénols peut également être due à la capacité de ces composés à chélater le fer, un élément vital pour la survie de presque toutes les bactéries. [4]
Les médicaments et le jus de pamplemousse : attention aux interactions !
Il y a un avertissement sur les notices de certains médicaments qu’on remarque de plus en plus souvent : « Ne prenez pas ce médicament avec du jus de pamplemousse », mais qu'est-ce qui ne va pas avec le jus de pamplemousse ? et qu’est-ce qu'il y a dans le jus de pamplemousse qui ne se trouve pas dans d'autres jus d'agrumes, comme le jus d'orange ?
Ce fruit regorge d'un type particulier de composés organiques appelés furanocoumarines, qui interfère avec l'activité de l'enzyme CYP3A4, présente dans votre intestin grêle. Le problème est que cette interférence signifie que votre corps n'absorbera plus certains médicaments, notamment ceux contre l'hypercholestérolémie, l'hypertension artérielle et l'anxiété.
On explique :
Le travail normal de l’enzyme CYP3A4 consiste à modifier chimiquement certains composés potentiellement dangereux avant qu'ils ne puissent atteindre votre circulation sanguine ou votre foie. De cette façon, ils sont plus faciles à éliminer pour votre corps. Cette enzyme reconnaît également de nombreux médicaments différents et les élimine comme n'importe quel produit chimique. Ce qui signifie qu'une grande quantité du médicament que vous prenez n'arrive jamais dans votre corps pour faire son travail.
En effet, les composés du pamplemousse désactivent cette enzyme. Un seul verre de jus de pamplemousse suffit à en assommer près de la moitié. Donc si l'enzyme désactive les médicaments et que les composés du pamplemousse désactivent l'enzyme, cela semble être une bonne chose. Des médicaments plus efficaces !
La réponse est Non
Ce n'est pas une bonne chose, car l'une des premières choses que font les chercheurs dans un essai clinique est de déterminer une dose sûre, qui prend en compte les tentatives de votre corps pour éliminer les toxines, y compris cette enzyme. Autrement dit, les médicaments que vous achetez en pharmacie et les doses que le médecin vous prescrit prennent en compte cette quantité de médicament qui sera éliminée par l'enzyme CYP3A4. Il n’y a qu’une petite quantité qui arrive et il n'en faut surtout pas plus pour guérir.
Ainsi, lorsque votre jus de pamplemousse se débarrasse de l'enzyme, vous obtenez soudainement bien plus de médicaments que cette dose sûre. Cela pourrait causer de graves problèmes à votre foie, qui filtre normalement ces médicaments une fois qu'ils ont fait leur travail. Vous pouvez aussi avoir trop de médicaments dans le sang et risquer l’overdose !
Exemple : si vous buvez une tasse de jus de pamplemousse pendant que vous prenez des médicaments contre l'hypertension, votre tension artérielle pourrait chuter encore plus.
Comment profiter des bienfaits du pamplemousse sans danger ?
Il semblerait que l’EPP ne présente aucun danger potentiel et est considéré comme sûr. À ce jour, ni l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), ni l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ne se sont positionnées officiellement sur une contre-indication ou une précaution d'emploi en rapport avec la complémentation en EPP. Certaines recherches affirment par ailleurs que l’extrait de pépin contient de très petites quantités de furanocoumarines, responsables des interactions médicamenteuses, ce qui est plutôt rassurant. Sans oublier qu’en optant pour de l’EPP, vous pouvez contrôler vos doses quotidiennes de façon plus sûre que si vous buvez du jus.
Mais comme il n’y a pas suffisamment de recherche à ce sujet, il serait préférable de suivre ces conseils :
- Lisez la notice de vos médicaments pour voir si la consommation de jus de pamplemousse est interdite en concomitance avec votre traitement.
- Par mesure de sécurité, et même si aucune contre-indication n’est mentionnée, ne prenez pas un médicament en même temps que du jus de pamplemousse.
- Consultez votre médecin avant de prendre de l’extrait de pépin de pamplemousse.
- Si votre médecin vous autorise à utiliser de l’extrait de pépin de pamplemousse, choisissez le bio, 100 % fait de pépins, sans additifs et sans OGM.
À retenir
Il ne fait aucun doute que les antibiotiques synthétiques présentent un effet thérapeutique rapide tout en traitant les infections bactériennes, mais ils imposent en parallèle la menace d'une gastro toxicité grave et d'une résistance bactérienne inquiétante. L'activité antioxydante et antibactérienne attrayante des composés phytochimiques et antioxydants du pamplemousse attire de plus en plus l'attention. Ce fruit estival, doux et acide peut remplacer les antioxydants synthétiques dans la lutte contre plusieurs types d’infections bactériennes, même celles résistantes aux antibiotiques de synthèse. Seul impératif : consultez votre médecin avant d’en consommer !
Références
- Hee-Won Han and all. Grapefruit Seed Extract as a Natural Derived Antibacterial
Substance against Multidrug-Resistant Bacteria. Antibiotics 2021, 10, 85 - Zdenka Cvetnić, Sanda Vladimir-Knezević. Antimicrobial activity of grapefruit seed and pulp ethanolic extract. Acta Pharm. 2004
- Yixi Xie, Weijie Yang, Fen Tang, Xiaoqing Chen, Licheng Ren. Antibacterial activities of flavonoids: structure-activity relationship and mechanism. Curr Med Chem. 2015
- Syed Ali Raza Naqvi, Sana Nadeem, Sana Komal, Syed Ali Asad Naqvi, Muhammad Samee Mubarik, Sajid Yaqub Qureshi, Shahzad Ahmad, Ali Abbas, Muhammad Zahid, Naeem-Ul-Haq Khan, Syed Shujat Raza and Nosheen Aslam. Antioxidants: Natural Antibiotics. 2018