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Bataclan : récit des otages du 13 novembre

En cette 4e semaine du procès des attentats du Bataclan, les survivants se succèdent pour délivrer leurs versions du drame, devant la cour d’assises spéciale de Paris. Les témoignages des rescapés, mais, également, de certains proches qui ont perdu des êtres chers, sont glaçants. Toutes ces révélations permettent de reconstituer l’attaque de cette nuit sanglante du 13 novembre 2015. Voici quelques récits des otages.

Double peine pour Caroline

Caroline se présente en fauteuil roulant aux auditions. Lors de la tristement célèbre nuit de novembre 2015, elle a fait partie des otages du couloir. Cela a duré plus de deux heures. Elle était arrivée au concert des Eagles of Death Metal accompagnée de son ami Grégory, à qui elle avait offert le billet. Elle se souvient qu’ils se sont couchés derrière les fauteuils, lorsque les tirs ont commencé. Son ami a, rapidement, compris que c’était un attentat. Elle a eu beaucoup de mal à assimiler ce qui se passait. Deux terroristes ont, ensuite, fait leur show devant un public pétrifié. Ils évoquaient la situation en Syrie et leur désaccord avec Hollande. Parfois, l’un d’eux tirait dans la fosse. Puis, un troisième a fait exploser son gilet. Redirigée vers le couloir, avec une dizaine d’autres victimes, la panique de Caroline ne cessait de grandir. À cet instant-là, les terroristes semblaient perdus en termes de communication avec les médias et la police. Ils n’avaient pas préparé cette partie de l’attaque. À un moment, elle voit un détonateur dans la main du terroriste Foued Mohamed Aggad. Ce dernier est juste à côté d’elle, cela la fige sur place.
Soudain, la porte s’ouvre suite à un coup de feu. Elle s’engage, alors, vers l’escalier, mais trébuche et se retrouve sous un bouclier de 80 kg appartenant à la brigade de recherche et d’intervention. Personne ne s’en aperçoit et Caroline se fait piétiner, lors de l’extraction des otages. Les pompiers la secourent à la fin et elle retrouve Grégory.

Elle raconte que depuis cette nuit-là, elle a souffert de différents troubles psychiques qui ont aggravé sa maladie neuromusculaire. C’est ce qui explique le fait qu’elle soit aujourd’hui en fauteuil roulant. Elle est actuellement en convalescence.

David raconte la naissance d'une amitié au Bataclan

David se rappelle le moment où Samy Amimour a fait exploser sa ceinture. Ce qui l’a marqué, c’est que les deux autres terroristes étaient excités par la mort de leur camarade. Il se souvient des négociations entre la BRI et les preneurs d’otage, derrière la porte du couloir où il était retenu. Il était, alors, terrifié face aux exigences improbables des kamikazes. Parmi ces dernières, il se remémore la demande de retrait des troupes françaises de la Syrie. Les marchandages laissent, clairement, apparaître Ismaël Omar Mostefai comme le chef de la bande. Il était, plutôt, calme. Aggada était animé par le désir de tuer le maximum de personnes.

David rapporte que, comme les autres otages, il avait peur que l’assaut de la police empire la situation. Mais, heureusement, ce dernier a été rapide et il s’en est sorti sain et sauf. Il se considère comme miraculé vu qu’aucune balle ne l’a touchée, lors de cet attentat meurtrier.

Ainsi, le rescapé s’en est sorti indemne et cette soirée lui a même permis de faire une superbe rencontre amicale. En effet, il est devenu inséparable avec Stéphane, qui était juste à côté de lui au moment de la séquestration.

Arnaud, le dernier otage du Bataclan

Arnaud est un père de famille qui a fait partie des otages du Bataclan. Il a, d’ailleurs, été le dernier à être libéré. Il raconte que, c’est en compagnie de sa femme, qu’il est allé voir le concert, ce soir-là. Il ne se doutait, alors, pas une seconde, qu’il aurait à faire face, pendant plus de deux heures trente, à deux terroristes. Il se rappelle, avec amertume, son impuissance face au massacre qui se déroulait, un étage plus bas. Il voyait le nombre des victimes de la fosse augmenter sous ses yeux. Il était, d’ailleurs, juste à côté du premier kamikaze, quand ce dernier a déclenché sa ceinture d’explosifs.

Six années plus tard, ce parisien de 48 ans, a encore la rage contre les assaillants. Il se considère comme un survivant. En effet, il était persuadé d’être dans le couloir de la mort avant l’intervention héroïque de la brigade de recherche et d’intervention.

Les attentats du Bataclan ont changé sa vie. Depuis, il a beaucoup réfléchi et a, même, changé de métier. Il est devenu professeur de dessin. Il estime que chaque jour est une nouvelle chance qui lui est offerte. Cependant, il avoue, timidement, qu’une part de lui est morte le 13 novembre.