La 40e journée d’Action contre la Violence Sexuelle faite aux Femmes a eu lieu le 17 septembre dernier. Son but consiste à lutter contre les violences sexuelles subies par les femmes dans la sphère publique. Hors à ce jour, les victimes se trouvent confrontées à une double peine lors de ces agressions, tout d’abord celle de leur agresseur mais aussi celles des forces de l’ordre lors du dépôt de leur plainte.
La prise en charge des victimes
Une femme qu’on nommera Blanche a dû rebrousser chemin faute d’une personne pour accueillir sa plainte en avril 2020 dans un commissariat. « Revenez lundi, là on n’a personne pour vous recevoir. », lui avait-on dit.
Un accueil non adapté
Chaque jour, les victimes des violences sexuelles doivent surmonter leurs peurs afin de pouvoir pousser la porte d’un commissariat. L’accueil auquel elles sont confrontées dans ce lieu ne répond pas au besoin de prise en charge spécifique de ce type d’agression.
Le sentiment d’être face à un robot administratif, sans empathie ni compréhension, les plonge encore plus dans le désarroi. Leurs paroles et leurs récits sont sujets de suspicion et elles sont souvent poussées dans leurs retranchements pour faire ressortir la vérité. Les victimes, en plus de revivre la souffrance de l’agression, doivent supporter le manque de compassion et subir les propos déplacés des policiers.
Mouvement « Double peine »
Durant les dernières semaines, un mouvement « double peine » a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Ce phénomène a débuté avec le témoignage d’une victime de viol. Celle-ci révèle les propos déplacés qu’elle a subis lors de son dépôt de plainte au commissariat de Montpellier. Dès lors, les témoignages des jeunes femmes victimes de violences sexuelles affluent sur la toile. Elles dévoilent les procédures sommaires, l’absence d’empathie ainsi que les remarques choquantes des policiers.
Le dépôt de plainte, une souffrance supplémentaire
Malgré les améliorations faites pour la prise en charge des jeunes femmes victimes de violences sexuelles, beaucoup restent à faire. Certaines sont obligées de repasser plusieurs fois pour pouvoir porter plainte. D’autres doivent témoigner de leur agression devant plusieurs fonctionnaires de police et lors de plusieurs auditions. Mais aussi, un manque d’informations quand au suivi de leurs plaintes, complique encore plus la procédure.
Méthodes procédurales non adaptées
Les associations constatent les mêmes problématiques que les victimes. « L’Association Léa » affirme qu’il arrive encore que des femmes se voient refuser la prise de plainte car c’est le week-end, un jour férié ou parce qu'il se fait tard. Pire encore, il arrive que les agresseurs ne se voient jamais auditionner.
Qu'en est-il de demain ?
Du côté des forces de l’ordre, il y a un véritable engagement contre les violences sexuelles. Mais, plusieurs problématiques se posent lors de la prise en charge des victimes.
Des procédures complexes
Tout d’abord, les enquêtes pour violences sexuelles sont difficiles de par leur nature. Ce sont des faits qui occasionnent un trouble à l’ordre public et qui doivent donc être traités avec une sanction pénale ferme. La tâche se complique encore plus si les faits sont dénoncés tardivement.
Dans le cas des viols conjugaux, se pose la question de la réalité des faits à cause des répercussions financières sur un divorce éventuel. Les violences se déroulant dans la sphère intime sont difficilement prouvables. Il est donc essentiel de prouver que la relation était non consentie de manière irréfutable.
Tous ses éléments compliquent l’approche des policiers lors des auditions. De plus l’audition n’est que le début d’une procédure qui nécessitera des examens médicaux, mais aussi, des confrontations. Autant d’éléments auxquels la victime doit se préparer psychologiquement avant de les affronter.
La notion de prudence
Bien que les services de police soient sensibilisés à une conception libérale de la sexualité féminine. Il perdure néanmoins des préjugés qui peuvent léser la victime. Ils peuvent vérifier si celle-ci s’est mise en danger délibérément ou par manque de prudence. Si son comportement correspond à une bonne conduite sociétale dans l’espace public. Si celle-ci était sous l’effet d’alcool, son témoignage risque de ne pas être pris en compte.
Les axes d’amélioration possibles
Afin de normaliser les prises en charge, les forces de l’ordre tendent à faire des partenariats avec les associations travaillant dans ce domaine. De plus, la part psychologique est incontournable dans ce volet procédural. Des formations accentuées en psychologie les aideront à mieux accompagner les victimes de violences sexuelles.