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Val-de-Marne : pénurie d’AESH, les enfants trinquent

Aujourd’hui, les AESH mobilisés au quotidien pour accompagner les élèves en situation de handicap, sont de nouveau dans la rue ! À bout de nerfs, les AESH dénoncent leur situation précaire et le manque de considération de leur statut. Les familles qui peinent déjà pour trouver de l’aide, sont encore loin de voir la fin du tunnel. En attendant, ce sont les enfants qui en pâtissent.

AESH : rôle et situation

Les AESH sont en charge de l'accompagnement, de la socialisation, de la sécurité et de l'aide à la scolarisation d'enfants en situation de handicap ou présentant un trouble de santé invalidant. Ils, ou plutôt elles, puisque 90 % des AESH sont des femmes, sont recruté(e)s par l'Éducation Nationale. Pourtant essentiels à l’intégration et à la réussite des élèves handicapés, les AESH sont aussi parmi les moins bien payés. Ils doivent souvent se débrouiller avec un salaire net de moins de 800 euros par mois !

Précarité, pénurie… les raisons de la grogne et des grèves

L’origine de la pénurie d’AESH est double :

  • De nombreuses personnes démissionnent à cause des conditions de travail qui se dégradent chaque jour.
  • Les candidats potentiels fuient la précarité et la non-reconnaissance de ce métier.

En cause, la mise en place des PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisé) et la mutualisation à outrance. Aujourd’hui, les AESH sont contraints de fragmenter leur temps de travail hebdomadaire entre plusieurs enfants, parfois même au sein de différents établissements scolaires. Cette réforme basée sur regroupement par secteur géographique, renforce la pénibilité et fragilise encore plus les AESH.

Pour essayer de répondre à toutes ces problématiques, les AESH ont été appelés à prendre part au mouvement de grève nationale du mardi 19 octobre. Dans les cortèges des AESH de la région Île-de-France, on pouvait lire des slogans comme « Du fric, des postes, un statut ! », « Pas d'AESH = Pas d'école pour tous ! ».

Pas d'AESH, pas d'école pour tous !

Diminution du nombre d'heures d'accompagnement par semaine, des AESH arrêtés et non remplacés… les témoignages sont nombreux. Sans oublier les changements d’AESH qui perturbent encore des enfants déjà fragilisés ou en difficulté.

Pour compenser l’absence de leur AESH et ne pas perdre les progrès réalisés, certains parents sont contraints de faire travailler leurs enfants en dehors de l’école. Des solutions souvent coûteuses que toutes les familles ne peuvent pas assumer.

Dans le Val-de-Marne encore plus que dans tout le reste de la France, des familles sont dans une situation très difficile. Ce sont hélas les enfants, souvent contraints à être déscolarisés, qui trinquent. L’UNAPEI a d’ailleurs lancé une campagne intitulée #jaipasecole. Cette mobilisation citoyenne est associée à la plateforme marentree.org. Déjà 754 témoignages dénoncent le scandale des enfants en situation de handicap qui n'ont toujours pas école !

Qui peut débloquer la situation et comment ?

Selon le gouvernement environ 12 000 enfants handicapés rencontrent chaque année des difficultés de prise en charge à l’école. Un chiffre que l’union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales, et de leurs amis (UNAPEI), qui regroupe 550 associations spécialisées, estime sous-évalué.

À la rentrée, le ministère a proposé une nouvelle grille de rémunérations et annoncé la création de 4 000 nouveaux postes d’AESH dès 2022. Au vu de la forte mobilisation de mardi, il semblerait que les mesures annoncées n’aient pas convaincu les syndicats. Et en attendant, le manque d’AESH est toujours évident.

Par ailleurs, un numéro vert, le 0 805 805 110, a été mis en place pour permettre aux familles concernées de communiquer avec les directions des services départementaux de l'éducation nationale (DSDEN).

Rien en vue pour le moment

À ce jour, aucune solution satisfaisante n’a été trouvée. De nombreux tweets sur des comptes comme celui d’AESH-AVS en action sont clairs « Le quinquennat Blanquer, c'est : – personnels sous-payés – postes supprimés – réformes qui creusent les inégalités et détruisent le service public d'éducation – autoritarisme et dénigrement permanents. Nous n'avons pas les mêmes Valeurs de la République. »

Ou encore « Les #AESH restent déterminés à faire bouger les lignes pour obtenir un statut, un salaire décent, une reconnaissance, des moyens pour l’école inclusive. Non @jmblanquer tout ne va pas bien. D’autres mobilisations en vue si rien n’avance. » Pour les familles épuisées, les enfants déscolarisés et leurs accompagnants, l’école inclusive passe par la revalorisation du statut des AESH et la dissolution des PIAL.