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Une enquête sur les pesticides inquiète les vignerons

Il existe en France une grande partie de la population rurale qui vit dans des régions viticoles. Pour savoir si ces personnes sont exposées aux produits utilisés pour les traitements phytopharmaceutiques, Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire vont lancer une étude inédite le 29 octobre.

Une étude de grande ampleur

Cette étude a pour but de mesurer l’impact des pesticides dans le domaine viticole. Près de 3 500 personnes âgées de 2 à 79 ans vont faire l'objet d'un suivi biologique et environnemental. Ces derniers vivent à moins de 500 mètres des cultures de vignes et à plus de 1 000 mètres d’autres cultures ou vivent à plus de 1 000 mètres de toutes cultures confondues. Plus de 250 zones d’études de 6 régions différentes sont ciblées : Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’étude PestiRiv sera réalisée sur deux périodes :

  • D’octobre 2021 à février 2022, lorsque les traitements des vignes avec des produits phytopharmaceutiques sont les moins fréquents

  • De mars à août 2022 lorsque les traitements sont les plus fréquents.

L’annonce des résultats ne sera pas attendue avant 2024.

Le boycott de Bernard Farges

L’étude n’a pas encore débuté, mais elle secoue déjà le monde viticole. En effet, Bernard Farges, le directeur du très connu Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) s’est exprimé avec inquiétude début octobre auprès de la préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio.

Si la viticulture a été choisie, explique-t-on à SPF, c’est parce que « l’imbrication » entre habitations et parcelles cultivées est plus forte que pour d’autres types de culture, et aussi parce que « des remontées de signaux sanitaires [leur] parviennent de zones viticoles, avec notamment des cas de clusters de cancers pédiatriques proches de ces zones ».

L’attente de l’annonce des résultats bouleverse déjà le patron du CIVB. « Nous ne sommes pas convaincus que l’Anses et SPF, une fois le travail d’analyse et de diffusion réalisé, feront l’effort de pédagogie et de contradiction nécessaire pour éviter des conclusions hâtives, faisant fi de toute rigueur scientifique », déclare Bernard Farges dans un courrier du 1er octobre, dont Le Monde a été informé.

Le président du CIVB informe la préfète que son organisation ne se joindra pas à la prochaine réunion prévue le 10 novembre : « Nous n’accompagnerons pas cette démarche, ni auprès des entreprises viticoles girondines ni auprès des maires des communes concernées. » a-t-il déclaré.

Ce boycott de la part du représentant des viticoles Bordelais n’est autre qu’une menace qui peut mettre en danger le projet de PestiRiv, dont l’aboutissement implique la collaboration des viticulteurs.

Farges déplore le manque de communication de la part des organisateurs de cette étude. Il affirme que les viticoles souffrent du manque de clarté par rapport à ce qui les attend : « Aucune discussion n’a été ouverte, ni sur l’échantillonnage, ni sur le protocole, ni sur la politique de diffusion des résultats à venir », dénonce M. Farges dans sa missive. « Les parties prenantes sont informées, assure-t-on à SPF. Mais aucune, ni les professionnels viticoles ni les ONG, n’a son mot à dire sur le protocole. C’est la garantie de sa rigueur scientifique. »