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Paris: L’Arc de Triomphe se "déshabille"

Depuis le 18 septembre, les parisiens se pressent de prendre en photo l’Arc de Triomphe recouvert par 25 000 mètres carrés de tissu et 3 000 mètres de corde rouge. Cette œuvre éphémère est définie par la ministre de la Culture comme « un formidable présent aux Parisiens, aux Français et, au-delà, à tous les amateurs de l’art ». Bien que l’œuvre fût critiquée au moment de son installation, elle n’a pas manqué de séduire. En effet, plusieurs admirateurs de Christo ont fait le déplacement pour assister à ce grand événement avant que l’Arc de Triomphe ne retrouve son ancien aspect.

 

Un vrai spectacle de rue

Le déshabillage, commencé le lundi 4 octobre, a provoqué des réactions partagées. Aux premières lueurs du jour, l'opération monumentale avait commencé. Des équipes de cordistes et de charpentiers procèdent toujours au démontage. Cette cérémonie acrobatique ne s’arrête qu’une seule fois par jour. Pendant une heure au quotidien, les travaux sont interrompus pour raviver la flamme du soldat inconnu.
Ce spectacle acrobatique à part entière a attiré les piétons qui s’installaient sur les trottoirs, comme hypnotisés. Ils cherchaient à immortaliser l’événement en prenant des photos et des vidéos. Place de l’Étoile, franciliens et touristes étaient admiratifs de ces hommes suspendus dans le vide qui voltigeaient habilement tels des oiseaux.

Cet emballage qui a provoqué révolte et stupéfaction aura totalement disparu au début du mois de novembre. En effet, il est estimé que le 10 novembre, le tissu aura été complètement enlevé. Bien qu’il s’agisse de la dernière œuvre de Christo, le matériel qui a été employé pour l'emballage sera recyclé. La toile et les cordes iront vers une association environnementale. Le bois, quant à lui, sera réutilisé par les charpentiers de Paris.

Avec seulement 16 jours d'exposition, cette œuvre a eu un impact notable sur le nombre d’entrée au musée de l’Arc de Triomphe. En plus de la majoration du tarif d’entrée qui est passé à 16 euros, la vente des produits dérivés a augmenté. Il faut croire que les visiteurs se sont pressés d’acquérir des souvenirs qui rappellent ce grand moment de l’histoire du monument.

 

Le rêve de Christo

L’idée d’emballer l’Arc de Triomphe est celle de l’artiste Christo. Avec son épouse Jean-Claude, il s’était distingué par cette idée excentrique d’empaqueter les monuments de la capitale. Christo avait déjà créé la polémique dans les années 80 en emballant le Pont-Neuf. Le 22 septembre 1985, les parisiens se réveillaient avec 40 000 m2 de toile couvrant le pont sur toute sa longueur. Cette manière de s’approprier un lieu mythique de la capitale avait eu un franc succès surtout auprès des touristes. L’œuvre de Christo avait donné au plus ancien pont de la capitale française une nouvelle identité.

Décédé en mai 2020, son rêve d'emballer l'Arc de Triomphe s’est transformé en réalité en septembre dernier. Au début des années 60, il a eu cette révélation en admirant le monument depuis son appartement situé à l’avenue Foch. Expliquant la motivation derrière son projet, il a affirmé que l’Arc de Triomphe sera transformé en « objet vivant ». Pour lui, le mouvement du vent et la réflexion de la lumière apporteront une certaine sensualité à ce joyau architectural au cœur de Paris. Cet hommage post-mortem représente un dernier adieu à la vision avant-gardiste de Christo. Son ultime projet a ému non seulement les parisiens mais le monde entier.

Il est intéressant de noter que cette initiative artistique est totalement autofinancée. En effet, elle n’a bénéficié d’aucun financement public. Les fonds nécessaires à la réalisation de l’emballage ont été recueillis grâce à la vente d’œuvres de l’artiste. La mise aux enchères de dessins, maquettes et lithographies de Christo a permis de recueillir les fonds nécessaires. Le coût total s'est élevé 14 millions d’euros.