Le roi du Maroc Mohammed VI vient de nommer un nouveau gouvernement. Après les élections du mois dernier, il propose aux Marocains un cabinet de 24 membres avec 7 femmes. Lors d’une cérémonie qui a eu lieu au Palais Royal de Fès, le Maroc a officiellement célébré ses nouveaux ministres. Cet événement marque une transition paisible et annonce le début d’une nouvelle période. Ce gouvernement est principalement composé de technocrates.
Un gouvernement technocrate
Au sein de cette monarchie où les décisions royales sont irrévocables, la mission du nouveau gouvernement représente un défi de taille. L’objectif principal sera d’implanter un modèle de développement quémandé par le palais. En effet, il est impératif pour le pouvoir royal de réduire les inégalités tout en luttant contre l’extrême pauvreté. Le contexte économique marocain présente des challenges conséquents. Avec un taux de chômage qui passe à 11.9 % et des disparités sociales encore plus profondes, les défis ne manqueront pas. L'un des objectifs annoncés par le roi est de généraliser la couverture médicale d'ici 2025 en l'offrant à 22 millions de marocains.
Ce nouveau gouvernement sera mené par le billionnaire Aziz Akhannouch. Sa fortune est estimée à 2 milliards de dollars selon le magazine Forbes. Il dirige le RNI depuis 2016. De plus, son parti est considéré comme proche du pouvoir royal. Il a fait partie de tous les gouvernements de coalition au cours des 23 dernières années sauf pour la période entre 2012 et 2013. Il devra faire face à des problèmes économiques pressants exacerbés par la pandémie de coronavirus. Son parti, le Rassemblement National des Indépendants, a eu le plus de votes lors des élections. Il a ainsi écrasé son opposant conservateur, le parti de la justice et du développement.
Il faut mentionner que le RNI a formé une double coalition avec le Parti libéral Authenticité et Modernité et le parti conservateur Istiqlal. Par conséquent, les 3 alliés politiques monopolisent 270 sièges parlementaires, ce qui leur offre une majorité confortable. Or, au Maroc, seuls 198 sièges sont nécessaires pour faire adopter un texte de loi.
La nouvelle ministre des Finances, Alaoui, était ministre du Tourisme dans le gouvernement précédent. Elle sera l'une des sept femmes du cabinet. Elle évoluera notamment aux côtés de l'ancienne maire de Marrakech, Fatima Ezzahra El Mansouri. Le chef libéral, Abdellatif Ouahbi, a hérité du poste de ministre de la Justice. Quant au chef du parti Istiqlal, Nizar Baraka, il a pris le portefeuille de l'équipement et de l'eau. Nasser Bourita, ministre des affaires étrangères, garde son rôle dans un contexte régional marqué par les tensions. Nous citerons particulièrement les relations avec le voisin algérien qui se sont envenimées depuis quelques mois. L’Algérie avait rompu les relations diplomatiques avec Rabat au mois d’août à cause de ce qui a été qualifié d’ « actions hostiles ». Ce à quoi le Maroc a répondu qu’il s’agissait de prétextes absurdes et totalement infondés.
Le PJD écarté
Le parti de la justice et du développement a accédé au pouvoir à la suite des soulèvements qui ont marqué le Printemps Arabe. Les dirigeants du parti qui prônent une idéologie islamiste avaient espéré obtenir un troisième mandat. Le parti islamiste a subi une lourde défaite avec seulement 13 sièges au parlement. Suite à l’annonce des résultats du scrutin, le parti n'a pas pris part aux négociations de coalition. Il a même déclaré qu'il rejoindrait l'opposition en s’alliant avec les partis de gauche. Rappelons que c’était le parti politique le plus important après les deux élections précédentes. En effet, les dirigeants ont occupé les postes de Premiers ministres depuis 2011. Vu les récents événements au Maroc, les membres du PJD avaient exprimé leur colère face à la normalisation des liens avec Israël. Ils ont également contesté la décision de légaliser la vente du cannabis médical.