Depuis 2016, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis en Libye. Les principales victimes, étaient des migrants détenus dans les prisons Libyennes. C’est ce qu’ont indiqué les membres de la mission d’enquête d’experts de l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui se sont récemment rendus en Libye. Un rapport plus détaillé sera présenté ce jeudi 7 octobre 2021, autour de la violence et de la situation des prisons, dans ce pays.
La justice libyenne mène aussi son enquête
Les experts de l’ONU n’ont pas rendu public la liste des groupes et des individus, qui seraient impliqués dans les violations des droits de l'homme, commises à l’encontre des migrants dans les prisons, en Libye. Les éventuels responsables seraient des Libyens et des étrangers. La liste va demeurer confidentielle “jusqu’à ce que se fasse jour le besoin de la partager et de la publier avec d’autres instances qui en auraient besoin”, selon le rapport.
Pour sa part, la justice libyenne s’est également saisie de l’affaire, en ouvrant sa propre enquête. Celle-ci devrait porter sur une grande partie des cas révélés, par les investigations de l'ONU.
“Des tortures quotidiennes dans les prisons”
Selon les experts onusiens, les violations ont essentiellement été constatées dans les prisons libyennes, là où les migrants sont placés en détention. Les enquêteurs sont presque certains de leurs affirmations. “Dans les prisons libyennes, le recours à la violence, la manière de la pratiquer et de l’organiser laissent entrevoir l’existence de crimes contre l’humanité”, a déclaré Tracy Robinson, membre de la mission envoyée par l’ONU en Libye, à l’AFP.
C’est donc dans les prisons, que la situation inquiète le plus. Pour la mission de l’ONU, elle est “dramatique”. Ses membres ont mis en exergue une tortue quotidienne des prisonniers. De plus, leurs familles sont empêchées de leur rendre visite. On parle également d’un bon nombre de détentions arbitraires. Sur ce plan, les détenus sont incarcérés dans des prisons secrètes, et vivent dans des conditions déplorables.
Une guerre qui n’épargne personne
Depuis le soulèvement de 2011, la situation sécuritaire et humanitaire s’est sensiblement aggravée en Libye. Dans la majorité des cas, ce sont les civils qui ont payé le plus lourd tribut, selon la mission de l’ONU. Le pays, pour rappel, a été le théâtre d’une guerre civile opposant différentes tribus, factions et mercenaires qui y ont pris leurs quartiers depuis la chute de Mouammar Kadhafi. Les nombreux raids aériens ont fait unn nombre considérable de victimes. Dans ce contexte, les infrastructures sanitaires ont été touchées, ce qui a rendu difficile l’accès aux soins, pour la population. Pas seulement : les mercenaires avaient même infesté de mines des zones résidentielles.
Les enjeux de la délicate question migratoire
Pour de nombreux migrants, le pays constitue un point de passage privilégié. Venant principalement d’Afrique subsaharienne, ils traversent la Libye dans l’espoir d’atteindre la Méditerranée et, par la suite, l’Europe. Mais lorsqu’ils sont arrêtés en Libye, ils sont placés dans des centres de détention où ils subissent toute sorte de violence. Il est clair que la question migratoire présente un enjeu de taille. Outre les violences commises à leur encontre en Libye, les migrants sont nombreux à laisser leur vie en Méditerranée. D’après l’Organisation Internationale de la Migration (OIM), 20 014 personnes ont péri, en tentant de traverser la mer pour rejoindre l’Europe, depuis 2014.
Il faudra attendre la publication du rapport de la mission de l’ONU pour en apprendre davantage sur les éventuels crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qui ont été commis dans la région. Pour rappel, la commission en question est composée des experts Mohamed Auajjar, Chaloka Beyani et Tracy Robinson. Ils ont rassemblé des centaines de documents. Dans le cadre de cette investigation, 150 personnes ont été interviewées. L’enquête a également été menée en Tunisie et en Italie.