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La Chine et Taïwan, des rapports de plus en plus tendus

Tout en intensifiant les manœuvres militaires d’intimidation à l’égard de Taipei, le président chinois promet, le dimanche 10 octobre, que la réunification des deux pays sera « pacifique ». De son côté, Le régime de l’île réaffirme son engagement à défendre sa souveraineté et à protéger sa démocratie.

« Une affaire purement interne »

À l’occasion des commémorations du 110e anniversaire de la révolution de 1911, le président chinois a rappelé que la « réunification » entre la Chine et Taïwan « doit être réalisée et le sera ». « Le différend avec Taipei est une affaire interne à notre république, c’est une question de souveraineté nationale ». À travers ces mots, le dirigeant chinois faisait indirectement référence à Washington qui avait reconnu, un jour auparavant, qu’elle entraînait discrètement l’armée taïwanaise depuis des mois.

Selon le président du Parti communiste chinois, l’existence du gouvernement taïwanais, comme entité politique, est le résultat de la faiblesse de la nation chinoise à un moment de son histoire. « Une fois le renouveau national deviendrait une réalité, ce problème sera réglé une fois pour toutes », affirme-t-il.

Faisant allusion aux dirigeants taïwanais en les qualifiant de « sécessionnistes », Xi Jinping les accuse d’être « l’obstacle principal à la réunification avec la mère patrie ». Il les a mis, par ailleurs, en garde contre un sévère jugement par l’histoire et « un rejet définitif » de la part du peuple chinois.

Voulant quand même baisser la tension, l’homme fort de Pékin avait pris soin d’ajouter que la réunification attendue « s’achèvera à travers des moyens pacifiques ». C’est la nation chinoise tout entière qui va en profiter, y compris « nos compatriotes de Taïwan », dit-il.

Taipei promet de tenir jusqu’au bout

Au cours d’un discours prononcé à l'occasion de la fête nationale, le lundi 11 octobre, la présidente Tsai Ing-wen a promis de tenir bon. « Personne n’a le droit de nous obliger à emprunter la voie tracée par la Chine » a-t-elle déclaré, tout en rappelant au monde entier que l’île est « au premier rang pour défendre la démocratie ».

Au cours de ces derniers jours, l'espace de défense aérien a connu un nombre record d'incursions d’avions militaires chinois. Les relations, déjà tendues, entre les deux pays, se dégradent de plus en plus. 23 millions d’habitants assistent au bras de fer entre Taipei et le gouvernement chinois depuis des décennies.

Le risque d’une invasion de la part de Pékin, qui considère ce territoire comme l’une de ses provinces, plane constamment. D’ailleurs, le Parti communiste a affirmé, à maintes reprises, son intention de recourir à la force armée si le gouvernement en place proclamerait son indépendance d’une façon formelle.

Depuis l’élection en 2016 de Tsai Ing-wen à la tête du pays, Pékin a rompu toute communication officielle avec l’île. En parallèle, la capitale chinoise a intensifié toutes formes de pressions sur le territoire : militaires, économiques et diplomatiques.

Un conflit qui remonte à 1949

À la fin de la guerre civile chinoise en 1949, les nationalistes vaincus se sont réfugiés à Taïwan, alors que les communistes victorieux ont proclamé sur place la « République populaire de Chine ». Chacune des deux parties affirmait représenter la nation chinoise tout entière. Depuis lors, Pékin perdure ses menaces de recourir à la force pour récupérer le territoire « rebelle ».

Au début, plusieurs pays ont reconnu l'indépendance de la capitale de la chine. Toutefois, à partir des années 1970, la plupart de ses alliés ont compris que leurs relations bilatérales avec Pékin sont tellement importantes, qu’ils ont fini par rompre leurs liens diplomatiques avec l’île.

En 1971, l’ONU a reconnu le pouvoir communiste et a privé Taipei de son siège de représentant officiel. À l’heure actuelle, elle n’est reconnue comme étant un « pays », que par 18 États seulement.

Néanmoins, l’île entretient des relations informelles avec bon nombre de gouvernements, et ce, à travers les instituts culturels et les bureaux commerciaux. En matière de sécurité, les États-Unis restent l’allié principal du régime taïwanais.