Bien que la pandémie ait dévasté l’économie de plus d’un pays, elle semble clairement épargner celui qui l’a vue naître. Deuxième économie mondiale, la Chine est, même, en bonne voie pour devenir la première puissance économique mondiale en 2030, selon le CEBR. Elle est, également, pressentie pour passer de pays émergent à pays développé, d’ici la fin de l’année. Ceci semble impressionnant quand on sait que ce pays en développement, écope d’une dette qui équivaut à 300 % de son PIB et à 15 % de la dette mondiale.
Evergrande croule sous le poids d’une dette colossale
Avec ses 200 000 employés et une estimation de 3,8 millions de sous-traitants, le plus grand groupe immobilier chinois, Evergrande, détient un quart de l’économie du pays.
Xu Jiayin, 5ème fortune chinoise, est à la tête de cette entreprise depuis 1996. Cette dernière a, d’abord, connu un succès spectaculaire grâce au boom immobilier et à sa célèbre équipe de football. Elle en a, alors, profité pour se diversifier. Elle s’est attaquée à divers domaines : alimentaire, numérique, tourisme, assurance, santé… L’ambition d’Evergrande était sans limites. Elle a tenté de se mesurer à Tesla en s’attaquant à l’automobile. Elle avait même pour projet de rivaliser avec Disney, en bâtissant de plus grands parcs de loisir.
Cette frénésie d’acquisition a soudainement été freinée par une nouvelle régulation dans le domaine de l’immobilier. En effet, une nouvelle interdiction de vendre avant l’achèvement des travaux, pour stopper la spéculation, a été émise en 2020. Cette régulation a largement desservi le géant Chinois. Ce dernier a toujours travaillé de la sorte afin d’assurer sa croissance, malgré ses dettes. Ainsi, la diversification de son activité couplée à cette interdiction, coûte, aujourd’hui, très cher à Xu Jiayi. On estime le poids de la dette cumulée à 260 milliards d’euros.
Le 13 septembre 2021, Evergrande avoue faire face à des difficultés sans précédent, mais écarte la possibilité d’une faillite. Standard et Poor's, l’un des plus grands cabinets d’évaluation de solvabilité des emprunteurs, est loin d’être rassurant. Il déclare, le 15 septembre, une large baisse de sa notation d’Evergrande. Selon Moody’s, l’autre agence d’évaluation financière, les fonds actuels du mastodonte de l’immobilier, ne pourront jamais couvrir ses dettes astronomiques.
Malheureusement pour la Chine, Evergrande, n’est pas le seul rhinocéros gris, comme on appelle ces grandes entreprises au taux d’endettements hallucinants. Plusieurs autres sociétés sont dans le même bateau.
Les inquiétudes, quant à la dette chinoise, sont-elles justifiées ?
Une faillite du géant de l’immobilier chinois provoquerait une énorme crise économique, mais, également, sociale. Cela n’impactera pas uniquement la Chine, mais, aussi, l’Europe et l’économie mondiale.
En effet, la Chine finance de nombreux pays. On parle de 722 milliards d’euros répartis sur 163 pays en développement. Mais le financement chinois, ne se fait pas sous forme de dons. En termes de relations étrangères, la Chine a choisi une diplomatie de la dette qui revient très cher aux pays à petits et moyens revenus. Alors, si elle venait à se trouver en difficulté, tout le monde coulerait avec. C’est pourquoi le FMI n’arrête pas de l’inciter à modifier cette stratégie prédatrice et agressive.
Quelles conséquences aurait, alors, la faillite du géant chinois de l'immobilier ? Les experts pensent que cela entraînera la chute d’au moins une, des banques chinoises. Cela impactera, alors, les stratégies des autres qui deviendront beaucoup plus strictes face aux demandes de prêt. Une transformation de la politique économique du pays serait inévitable. De plus, le groupe Evergrande travaille sur des chantiers internationaux avec de grandes entreprises telles que, BlackRock et Allianz. Ces dernières risquent de sérieusement en pâtir.
Jean François Dufour, l’expert de l’économie chinoise, pense qu’il y aurait moyen d’éviter un nouveau Lehman Brothers chinois. La solution la plus probable serait la reprise d’Evergrande par Pékin, avec un échelonnement des dettes, tout en maintenant l’activité du groupe. Cette stratégie mérite d’être tentée vu les enjeux capitaux pour l’économie mondiale. Mais soutenir le capitalisme, fait-il réellement partie des prérogatives d’un état communiste ?