Le 15 août 2021, les forces de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) se sont retirées de l’Afghanistan, après vingt ans de conflits. Les Talibans, avec qui les États-Unis s’étaient résolus à négocier avant leur retrait, en ont profité pour reprendre le pouvoir à Kaboul. Ce mouvement islamiste, avait déjà été à la tête du pays dans les années quatre-vingt-dix. Sa devise consiste à imposer la charia, la loi fondamentale de Dieu. Les Talibans ont une vision archaïque, très moraliste et rétrograde de la société. En reprenant les rênes du pays, il y a de cela deux mois, ils se voulaient rassurants et promettaient de faire de la sécurité leur priorité. Pourtant, depuis, l’Afghanistan vit au rythme des attaques des mosquées.
Attentats meurtriers contre les Chiites
Le vendredi 15 octobre, la mosquée Chiite Fatemieh, connue aussi sous le nom d’Imam Bargah, à Kandahar, a été le théâtre d’une horreur sans nom. Des images montrent des sols du lieu de cultes ensanglantés et des corps déchiquetés. On dénombre, à ce jour, 47 morts et 80 blessés.
Cette attaque s’est déroulée une semaine exactement après celle de la mosquée Gozar-e-Sayed, à Kunduz. Cette dernière a ôté la vie à 55 Chiites. Elle est considérée comme l’attaque la plus meurtrière depuis le retrait des troupes américaines. Les deux attentats sanglants ont eu lieu à midi, au moment de la prière du vendredi.
Le soir du 15 octobre, l’État Islamique, revendiquait sur la chaîne jihadiste Telegram, les attentats-suicides perpétrés. Il déclare que deux kamikazes sont à l’origine des explosions qui ont touché la mosquée. La première ceinture a éclaté dans les couloirs du lieu saint, pendant que la deuxième a détonné dans son centre. Cette attaque a été organisée par le groupe État islamique – Khorasan (EI-K), une branche locale de l’organisation jihadiste.
La mosquée de Kandahar est considérée comme un bastillon des Talibans. D’ailleurs, ces derniers se sont précipités sur les lieux pour constater l’horreur. Sayed Khosti, a annoncé, au nom du ministère de l’Intérieur Afghan, sa tristesse face à cette tragédie. Il a promis de veiller à la protection des Chiites. Les efforts pour préserver, leurs mosquées et leurs écoles, seront décuplés.
Les conflits Sunnites-Chiites en Afghanistan
L’histoire afghane démontre que les Talibans sont loin d’être proches des Chiites, ces membres de la communauté Hazara. En effet, ils se sont souvent attaqués à cette minorité musulmane qui ne représente que 20 % de la population. La dernière agression date d’août dernier. L'organisation Amnesty International rapportait, alors, des actes de tortures et des exécutions perpétrés sur les Hazaras.
Ces derniers représentent environ 40 millions d'habitants et sont considérés comme les descendants du fondateur de l’empire Mongol au XIIIe siècle. Les repérant, rapidement, grâce à leurs traits asiatiques, l’organisation État Islamique les a toujours pris pour cible. Les Chiites avaient pris l’habitude d’assurer leur propre défense en mettant en place des milices. Cependant, depuis que les Talibans sont au pouvoir, ils ont désarmé le peuple afghan. C’est pourquoi cette minorité est devenue une cible encore plus facile. Désormais, elle se sent menacée.
Si les Talibans et l’E.I les ont toujours attaqués, c’est qu’ils ne sont pas sunnites comme eux. Ils les considèrent donc comme des hérétiques. Mais aujourd’hui, le mouvement au pouvoir cherche à les protéger. Son objectif ultime consiste à assurer une stabilité dans le pays. Par contre, par leurs attaques, les jihadistes de l’EI, font d’une pierre deux coups. D’une part, ils fragilisent la politique talibane et de l’autre, ils continuent à éradiquer la minorité islamique qui dérange.
L’organisation État Islamique, a-t-elle, aujourd’hui, les moyens de défier les Talibans ?