Quelques mois après la répression des cryptomonnaies à Pékin, les États-Unis ont détrôné la Chine pour devenir le plus grand centre d’extraction de bitcoins au monde. C’est ce qu’a révélé le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index le mercredi 13 octobre 2021. Il s'agit d'un site du Cambridge Center for Alternative Finance Britannique, qui suit le hashrate minier du bitcoin.
Les États-Unis en pôle position
« Le pays de l’Oncle Sam » représente désormais plus de 35 % de la part mondiale du minage de ces devises numériques. Le chiffre est bien plus élevé que celui enregistré il y a un an à peine où le pays n’affiche qu’une part de 4,2 %. En seconde position, on retrouve le Kazakhstan, suivi de la Russie.
En mai dernier, la Chine avait décidé d'interdire l’extraction et le commerce de cryptomonnaies, invoquant comme motif des préoccupations environnementales et financières. Cette décision a provoqué l’exode des mineurs à la recherche des cieux favorables aux cryptomonnaies. Cela a contribué à faire des États-Unis un marché incontournable. En effet, les propriétaires de fermes d’extraction américaines ont déplacé leurs activités vers leurs pays d’origine. « La fermeture de la Chine a été formidable à la fois pour l'industrie et les mineurs américains », lance le directeur général de Marathon Digital Holdings, une société d'extraction de cryptomonnaie basée à Las Vegas.
La Chine ne veut plus être la terre du bitcoin
Avant la mise en place des mesures restrictives, les bitcoins extraits en Chine avaient dominé l’offre mondiale. Il y a un an, l’empire du Milieu représentait près de 67 % du minage dans le monde avant de décider de ne plus être la terre du bitcoin. La proportion actuelle demeure nulle après que les autorités chinoises aient mené un vaste coup de filet contre les opérations minières.
Les données du Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index montrent que certaines installations ont été transportées vers les pays frontaliers ou de la sous-région (la Russie). En septembre dernier, Pékin est allé jusqu'à considérer comme illégales toutes les transactions de cryptomonnaie sur son territoire, même celles issues des plateformes d’échanges étrangères. Cette décision a marqué un tournant dans la course mondiale à la suprématie sur le réseau bitcoin.
La concurrence s'intensifie
La concurrence s’est intensifiée à mesure que les mineurs chinois se mobilisent vers de nouveaux endroits. Les États-Unis représentent désormais plus d’un tiers de l’activité minière mondiale. Le Kazakhstan et la Russie envisagent de devenir des sites majeurs. La part des États-Unis est passée de 17 % en avril à 25 % en août. Au Kazakhstan, l’exploitation minière a augmenté de 8,8 % en juin à plus de 18 % en août. La Russie dispose, quant à elle, d'une part de 11 %. “L’effet de la répression est une distribution géographique accrue du hashrate dans le monde entier”, estime le responsable des actifs numériques au sein de l’observatoire de Cambridge, Michel Rauchs. Ces trois pays ont gagné des parts de marché importantes à la suite de ces décisions. Vu les faibles coûts de l’électricité, le Kazakhstan était la destination de l'une des grandes fermes d'extraction.
Les mineurs à la recherche d’un environnement propice
Face aux inquiétudes quant à la surveillance financière du secteur des monnaies numériques, des difficultés commencent à apparaître. Les mineurs dispersés ont eu du mal à chercher un environnement politique propice à leur activité. Ils ont été confrontés à des barrages routiers dans les nouveaux pays d’implantation. Le cofondateur de Xive, une plateforme de minage de cryptomonnaie a confié que juste après l'interdiction, le Kazakhstan a reçu un nombre important de machines de minage, essentiellement de la part des mineurs chinois qui cherchent à relancer leurs activités dès que possible.
Certains pays ont incombé la responsabilité des pénuries d’énergie aux mineurs de cryptomonnaie. Les autorités ont même décidé de leur imposer des taxes pour la consommation d’électricité. Parmi eux, nous citons le gouvernement kazakh qui a adopté une taxe particulièrement sur l’exploitation des cryptomonnaies. Celle-ci entrera en vigueur en 2022. En effet, derrière les décisions contre le Bitcoin se cachent des ambitions de créer une monnaie numérique chinoise. La Chine devra déployer sa propre devise digitale avant 2022, précisément lors des Jeux olympiques d’hiver. Lancé en 2014, ce projet repose sur une technologie conventionnelle et sur la participation des banques traditionnelles.