Les sages-femmes sont très en colère et elles le font savoir ! En effet, depuis le début de l’année 2021, elles sont, déjà, descendues dans la rue six fois. À chaque manifestation, leur nombre ne fait qu’augmenter. La dernière manifestation a signé le déclenchement d’un Code Noir. Le choix de ce nom fait référence au code rouge qui traduit, dans la profession, l’urgence de la situation. Ces professionnelles de la santé ont de nombreuses revendications allant de la reconnaissance de leur statut à l’augmentation de leur effectif.
Grève nationale des sages-femmes
Le 7 octobre 2021, les sages-femmes, en grève, sont descendues en masse dans les rues de Paris. Dans une marche allant de Montparnasse au ministère de la Santé, la police a compté 3 500 manifestantes. Toutes vêtues de leurs blouses, elles brandissaient leur spéculum et des pancartes. Ces dernières affichaient des messages qui traduisaient leur mal-être profond. Ainsi, on pouvait lire « Mise à mort des sages-femmes ». D’autres messages, plus créatifs, mais non moins alarmants affichaient : « Ras le col ! », « Il n’y a pas que le périnée qui va craquer » ou encore « A deux doigts du burn-out ! ».
Tout cela, atteste du degré de difficulté auquel ces femmes font face au quotidien. Face à la pénurie de sages-femmes, les conditions de travail sont devenues très précaires. Elles disent, parfois, enchaîner 12 heures de travail sans manger et sans pouvoir aller aux toilettes. Le manque d’effectif, fait qu’elles doivent s’occuper parfois de plus de 5 femmes sous péridurales en même temps ! Cela les rend moins disponibles pour les patientes, voire maltraitantes ! Pire encore, la vie des futures mamans est en danger dans ces conditions.
Un autre volet de leur travail est largement affecté par cette pénurie. En effet, elles ne peuvent plus assurer convenablement l’encadrement des stagiaires. Cette tâche devient secondaire face à l’ampleur des dangers et des pressions auxquels elles font face. D’ailleurs, ces étudiantes-stagiaires, faisaient partie de la manifestation. Elles soutiennent leurs futures collègues mais s’inquiètent, justement, de l’avenir de la profession.
Arrivées devant le ministère de la Santé, certaines sages-femmes se sont mises à jeter leurs spéculums et à secouer les barrières de sécurité. Ces actes traduisent la colère grandissante des représentantes de la profession. Ces dernières s’inquiètent que leurs revendications tombent, encore une fois, dans l’oreille d’un sourd.
Revendications des sages-femmes
Au bout de 5 manifestations, Olivier Véran avait promis, septembre dernier, des primes et une hausse des salaires en janvier. Ces décisions ont été mal accueillies par la profession. Elles sont considérées comme un rattrapage d’une hausse dont elles n’ont pas bénéficié en 2020, contrairement aux autres personnels médicaux. Le Conseil national de l’ordre des sages-femmes a déclaré que ces décisions ne répondaient en rien aux revendications. Ces dernières sont, pourtant, clairement exprimées et se divisent en 4 points.
Les professionnelles de la santé demandent, d’abord, une reconnaissance de leur statut médical. En effet, le métier de sage-femme est souvent associé aux professions para-médicales. Pourtant, il est inscrit comme profession médicale dans le code de la santé publique.
L’autre principale revendication concerne le manque de moyens matériels et humains. En effet, il n’existe en France que 23 000 sages-femmes. Désormais, tous les services sont en sous-effectif. Cela est dû au fait que le métier est de moins en moins attractif. La raison principale est le salaire de 1 650 € au bout de 5 années d’études après le bac.
D’ailleurs, la revalorisation salariale est la 3ème revendication. Non seulement, le salaire ne suit pas le niveau d’étude, mais en plus, il ne prend pas en compte l’évolution du métier. Désormais, une sage-femme assure le suivi des femmes, de la contraception aux premiers mois du bébé, en passant par la lactation et le dépistage de certaines pathologies.
Enfin, les sages-femmes réclament une réforme du cursus maïeutique. Elles demandent l’ajout d’une sixième année d’étude et la création d’un poste d’enseignant-chercheur sage-femme.
Les demandes de cette profession, à majorité féminine, finiront-elles par être prises en considération ?