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Le Brésil, un repaire pour les néonazis ?

Depuis quelques années au Brésil, le nombre de sections néonazies ne cesse de s'accroître : les discours faisant l’apologie de ce mouvement s’amplifient et se banalisent. De même, les supports numériques prônant cette idéologie d’extrême droite sont légion. D'ailleurs, les enquêtes de police fédérale dévoilent de plus en plus des crimes d’apologie du Nazisme.

De plus en plus d’adeptes au Brésil

Des vidéos en ligne montrent l'anniversaire d’une jeune femme de 24 ans. Tout indique une fête d’apparence normale avec des ballons et des chants. En regardant de plus près, on remarque un détail intrigant sur le gâteau. En effet, on y voit très clairement un dessin représentant Adolf Hitler, l’ancien chef du III Reich. Le personnage, tristement célèbre, trône au centre de la pâtisserie, en costume foncé avec une croix gammée sur son brassard. Cette vidéo publiée depuis le sud du Brésil à Pelotas, a fait l’effet d’une bombe. Un tollé général et une vague d’indignation ont gagné les internautes partout au Brésil.

Par ailleurs, il s’est avéré qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé de nombreux scandales glorifiant l’idéologie néonazie sont en train de voir le jour. En décembre 2019, à Unai, un homme est pris en photo, le symbole de la croix gammée tatoué sur le bras. En mai, dans la ville de Florianópolis, un autre est surpris en train d'agiter un drapeau nazi à sa fenêtre. Par ailleurs, en juillet, un homosexuel, d’une quarantaine d’années a subi un passage à tabac par des assaillants. Ils l’ont laissé inconscient avec une croix gammée sur le front.

Un bond de l’extrême droite

Des politiciens de Santa Catarina, fief historique des nazis brésiliens, ont récemment été impliqués dans des affaires de ce genre. En 2020, le PL (Parti Libéral) a choqué l’opinion publique : il a proposé, comme candidat pour ses municipales à Pomerode un professeur d’Histoire, connu pour être un adepte de l'idéologie nazie. L'enseignant avait décoré le fond de sa piscine d’une croix gammée.

Au même moment Daniela Reinehr (gouverneure intérimaire de ce même État) a été obligée de se justifier sur les activités de son père Altair (un nazi notoire). Celle-ci se trouva acculée, sous la pression, à se dédouaner des idéaux de son père.

En parallèle, la plateforme « Safernet Brasil » a enregistré un record de signalements liés à des contenus glorifiant le nazisme sur les réseaux sociaux. En l’espace de 6 ans, le nombre est passé de 1 282 cas à 9 004 en 2020. Sans compter, l’explosion de nouvelles pages internet qui prônent l’idéologie néonazie. De plus, le nombre d’enquêtes pour des faits de crimes d’apologie du nazisme de la police fédérale, est passé de 6 enquêtes en 2015 à 110 en 2020. En l’espace d’une seule année, le taux d’investigations pour ce type de crimes a fait un bond de 59 %.

Malheureusement, ces évènements ne sont que la partie visible d'un mal plus profond. Le nombre de « cellules néonazies », d’après la chercheuse Adriana Dias, serait passé de 75 à 530 en l’espace de 6 ans. Quelque 500 000 brésiliens achèteraient des produits liés au nazisme (livres, statues, drapeaux, brassards, …). Selon les experts, le comportement et les allocutions du président Brésilien Jair Bolsonaro ont favorisé le développement de ce phénomène. On a également assisté à une montée de l’extrême droite durant les dernières années.

Les Néonazis deviennent-ils un phénomène international ?

Cette mouvance d’extrême droite ne se limite pas au Brésil seul. Depuis quelques années, l’Europe est touchée, et en particulier l’Allemagne, berceau historique du Nazisme. Celle-ci a d’ailleurs mis cette problématique à l’ordre du jour dans le cadre de la présidence du conseil de l’Union Européenne. Les dernières conclusions de ses instances misent sur la prévention de l’extrémisme violent et la lutte contre son expansion.

Face à la crise économique et identitaire, de nombreuses personnes sont tentées par le repli sur soi. C'est là que les mouvances d’extrême droite, qui glorifient la primauté des « races pures'', commencent à se développer et à se propager. Certains n’hésitent pas à flirter avec les vieux démons de l’extrémisme nazi.