C’est un nouveau coup dur pour l’organisation État Islamique (Daech) en Irak : les forces irakiennes ont capturé Sami Jasim Al-Jaburi. Il s’agit du responsable financier de l’organisation terroriste. Il était également l’adjoint d’Abou Bakr Al-Baghdadi, ancien leader du groupe. C'est ce qu’a annoncé le Premier Ministre irakien, Moustafa Al-Kazimi, sur son compte Twitter le lundi 11 octobre 2021. Le terroriste, pour rappel, est activement recherché par les États-Unis, comme beaucoup d’autres. C’est grâce à une opération menée par les services irakiens de renseignements en dehors des frontières du pays qu’il a été arrêté.
Une opération menée dans un contexte électoral
La veille, l’Irak était en pleines élections législatives – dimanche 10 octobre 2021 -. Elles se sont soldées par la victoire du leader chiite Moqtada Al-Sadr. Pour le Premier Ministre irakien, c’était un véritable défi sécuritaire pour les forces de l’ordre. D’une part, elles avaient la mission d'assurer la sécurité du scrutin du dimanche. D’autre part, elles devaient mener à bien l’opération qui a permis de capturer le responsable financier de l’État Islamique.
Le chef de l’Exécutif irakien s’en est d’ailleurs félicité sur son compte Twitter. “Pendant que nos héros se sont concentrés pour assurer la sécurité des élections [législatives], leurs collègues des services de renseignements ont réussi une opération externe et complexe ayant permis de capturer Sami Jasim”, a-t-il écrit.
Qui est Sami Jasim Al-Jaburi, responsable financier de Daech ?
Le responsable financier capturé figure parmi les terroristes les plus recherchés dans le monde. Selon les précisions fournies par les forces irakiennes de sécurité, il est très proche d’Abou Ibrahim Al-Hachemi Al-Qourachi, qui a pris la relève pour diriger Daech après la mort d’Abou Bakr Al-Baghdadi.
C’est Sami Jasim Al-Jaburi qui a lui-même supervisé les questions financières et économiques de l’organisation terroriste. D’ailleurs, en 2015, il a rejoint la liste des “terroristes objets de sanctions” élaborée par les États-Unis. Le Pentagone a même proposé une récompense de 5 millions de dollars pour toute information menant vers l’homme fort de Daech.
Dans ce même contexte, le programme Rewards for Justice du département d’État américain, cité par l’AFP et Reuters, ajoute que Sami Jasim Al-Jaburi était actif dans le Sud de Mossoul en 2014. Il supervisait, selon la même source, les revenus générés par les ventes illégales de pétrole, de gaz et de pièces antiques réalisées par Daech.
Daech en perte de vitesse, mais toujours présent en Irak et en Syrie
Il faut rappeler que l’organisation terroriste est plus que jamais affaiblie, notamment depuis le printemps 2019 lorsque ses rêves d’établir “un califat” se sont complètement effondrés. Cependant, elle reste active en Syrie et en Irak, poursuivant les frappes isolées et adoptant de nouvelles tactiques d’attaque. Daech a également multiplié les attaques terroristes à l’étranger, incitant ses “loups solitaires” à agir contre les “mécréants”.
Le rapport de l’inspecteur général des forces américaines, publié en novembre 2020, a justement abordé ces points. “Daech poursuit une insurrection de bas niveau en Irak et en Syrie. Il représente toujours une menace, aussi bien pour ces deux pays que pour le monde”, lit-on dans ledit rapport. Celui-ci souligne, également, que les hommes de Daech tentent de “regagner du terrain en soutenant des actions violentes à l’étranger”, et ce malgré l’affaiblissement manifeste de leur leadership et leur défaite en Irak. Ces éléments soulignent un fait crucial selon le rapport américain : l’État Islamique est devenu incapable d’organiser des opérations terroristes de grande envergure dans les pays ciblés.
En effet, les “leaders” qui auraient pu les orchestrer sont, aujourd’hui, activement recherchés, d’autant plus qu’un bon nombre d’entre eux a été arrêté à l’instar du responsable financier du groupe. “Deach ne peut qu’adresser des appels publics à ses branches éparpillées dans le monde pour les inciter à s’attaquer à l’Occident. L’organisation veut montrer qu’elle demeure capable de le faire”, précise encore le rapport de l’inspecteur général des forces américaines.