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CentraleSupélec: une enquête ouverte pour violences sexistes et sexuelles au sein de l’école

La polémique continue d’enfler sur l’affaire des agressions sexuelles, des harcèlements et des viols au sein de la prestigieuse école d'ingénieurs, la CentraleSupélec. Au total, durant l’année universitaire 2020-2021, une bonne centaine de cas ont été signalés par des étudiantes et des étudiants. Un choc pour l’une des meilleures écoles d’ingénieurs de France.

Une enquête préliminaire a donc été ouverte par le parquet d’Evry. Pour la ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, les faits sont “intolérables”. “Ils n’ont pas leur place ni dans les cours, ni dans les soirées, encore moins dans un campus”, a-t-elle lâché sur Twitter. D’ailleurs, elle a promis qu’un plan national d'action contre les violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur sera mis en place.

Une étude interne qui a porté sur 2 380 étudiants

Au départ, c’est une étude interne qui a mis en évidence les faits. Menée en ligne, elle a porté sur 2 380 étudiants. Une fois achevée, elle a été transférée à l'association Çapèse, spécialisée dans la lutte contre les violences sexuelles et le sexisme au sein de l’école. L’objectif était d’établir un état des lieux sur l’égalité femme-homme dans l’établissement.

Les enquêteurs considèrent que les violences sexistes et sexuelles sont « particulièrement préoccupantes”. “Nous ne nous attendions pas à obtenir de tels résultats. Ils sont inacceptables”, a déclaré Romain Soubeyran, directeur de l’établissement, sur les ondes de France Info. C’est suite à la communication des résultats de l’enquête à l’association Çapèse qu’une enquête préliminaire a finalement été ouverte par le parquet d’Evry.

Des actions préventives visiblement inefficaces

Les résultats de l’enquête sont accablants. Pourtant, des mesures préventives avaient été mises en place par la direction de l'école d’ingénieurs, bien avant le scandale. Une cellule de veille a été créée. Dans ce même ordre d’idées, deux psychologues indépendantes ont été recrutées pour soutenir les victimes. Il y a eu d’autres initiatives :

  • La mise en place de deux référents égalité;
  • L’organisation de séances de sensibilisation sur les violences sexistes et sexuelles;
  • La mise en place de cours sur les questions des inégalités du genre.

Un partenariat a même été conclu avec France Victimes. Il consiste à établir une ligne d’écoute à travers laquelle les victimes pouvaient bénéficier d’un accompagnement global. Le directeur de l’établissement regrette que ces mesures n’aient pas atteint les objectifs escomptés. “Nous pensions que nos actions auraient des effets, mais nous nous sommes rendu compte du contraire”, a-t-il confié.

Des chiffres qui font froid dans le dos

Dans ce contexte, l’association Çapèse rappelle que les résultats du questionnaire soumis aux étudiants sont “alarmants”. Le collectif a appelé les autres établissements universitaires à mener, à leur tour, une enquête similaire sur la question des violences sexuelles et sexistes.

Au total, 51 étudiantes et 23 étudiants ont affirmé avoir été victimes de harcèlements sexuels durant l’année universitaire précédente. On compte 46 étudiantes et 25 étudiants ayant subi des agressions sexuelles sous forme d’un contact physique osé, et 20 étudiantes et 8 étudiants qui assurent avoir été victimes de viols. Les faits, selon 90 % des personnes interrogées, se sont déroulés dans un contexte associatif ou au sein de la résidence étudiante. Le plus souvent, selon le témoignage d’une étudiante, les agressions se produisent dans les soirées.

Enquête judiciaire : vers l'identification des auteurs des faits

Face à cette catastrophe, la direction de l’école d’ingénieurs a alerté la procureure de la République d’Evry, lui demandant de mettre en place des “moyens complémentaires de prévention, d’action et d’accompagnement des victimes”. L’établissement exige également que des mécanismes de sanctions soient appliqués à l’encontre des auteurs d'agressions, de viols et de harcèlement.

La première étape de l’enquête consiste à identifier les victimes. L’objectif est de vérifier les faits signalés. Une fois chose faite, les enquêteurs tenteront d’identifier les auteurs. Dans ce contexte, Romain Soubeyran, directeur de l’école d’ingénieurs, a assuré que son établissement “se portera partie civile si une plainte est déposée”. “L'école ne va pas cacher les choses, même si c’est son image qui est en jeu”, a-t-il encore déclaré.