Dans une ambiance électrique, sous la présidence de Frédéric Digne, le procès des cinq assassins de Dorian Guéméné s'est ouvert lundi devant la cour d'assises Ille-et-Vilaine. Le personnage de l'unique prévenu encore en garde à vue a fait débat le matin. Les jurés ont pris du temps pour se présenter.
Il a fallu tirer au sort pour l'ajout de trois jurés dans le but d'en atteindre le nombre minimum légal. Le président de la cour a prévenu que certaines parties « pourraient être choquées » par le temps que leur prend la vérification des antécédents de chaque accusé. Ils sont jugés sur ce qu'ils ont commis, mais aussi sur la base de leur personnalité.
Que s'est-il passé ?
Dorian Guémené est décédé à l'âge de 24 ans, le 6 juillet 2018, après avoir été agressé devant la boîte de nuit « l'Espace », située boulevard de la Tour d'Auvergne à Rennes. Cinq suspects, âgés entre 22 et 31 ans, ont été convoqués pour meurtre devant le tribunal correctionnel d'Ille-et-Vilaine. Ils encourent 30 ans de réclusion.
Ils ont également été inculpés de violences intentionnelles dans l'agression de Kevin, avec plus de 8 jours d'ITT (incapacité temporaire de travail). Il s'agit du colocataire de Dorian, qui était également présent à l'époque.
Un sixième suspect risque 3 ans de prison, en détruisant les preuves et en faisant obstacle à la découverte de la vérité. Néanmoins, les parents de Dorian Guéméné s'attendaient à ce que ce « témoin » comparaisse devant la cour pour non-assistance à une personne en détresse.
Les deux premiers accusés, Sacha et Stanislas, travaillaient à la poste. Quant au 3e, Alexis Pesneau âgé de 22 ans, envisageait de faire des études de commerce. Cet étudiant, pimpant en chemise bleue et des lunettes en métal vides, a confié au président qu'il avait eu une enfance heureuse avec sa sœur et ses parents.
La vie adulte des suspects semblait avoir très bien démarré avant la nuit du 6 juillet 2018. Dans leur entourage, personne ne s'attendait à de telles violences venant de la part de jeunes très calmes et parfaitement éduqués.
« Ça commence à faire long » explique la mère de la victime. « Cela fera presque trois ans après le décès de Dorian. Ce qui a été dur, c'est d'aller à la cour d'appel à chaque fois que les suspects faisaient une demande de remise en liberté. »
Pourtant, plein de questions restent sans réponses. Que s'est-il passé exactement cette nuit-là ? Quelle est la séquence des événements ? Ce mercredi 13 octobre, la Cour commencera l'interrogatoire des accusés.
Lynchage ou meurtre prémédité ?
Dans la salle d'audience, les parents et la famille de Dorian ont assisté solennellement au début du procès, tout comme Kevin Huruguen, l'ami de Dorian Guémené, rescapé de la nuit des violences.
Philippe Guéméné, le père de la victime, a fixé les six accusés depuis les bancs de la partie des civiles. Le président de la cour a de suite lu les accusations. Il s'agit d'une audience qui a duré environ une heure.
Le procès qui semblait prendre la voix de violences exagérées conduisant à la mort, a pris une nouvelle tournure avec l'arrivée des chiffres des médecins légistes. En effet, 95 % des coups reçus par la victime Dorian Guéméné étaient portés à sa tête.
Les conclusions des légistes portent à croire qu'il s'agit d'un meurtre avec préméditation. Le crâne et la mâchoire fracassés de Dorian Guéméné, ne laissent aucune ombre d'un doute sur l'intention de ses agresseurs.
Quant au sixième suspect, il a été tout de même jugé par la cour d'assises de Rennes, pour destruction de preuves et obstruction à la justice.
Tout le monde y compris la famille de la victime, attend les audiences du mercredi, pour connaître les vraies raisons ayant poussé des jeunes sans passé criminel à mettre fin à la vie d'un innocent d'une manière si violente.