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Abus sexuels : le déni des hommes d’Eglise ?

À la suite du rapport de la commission Sauvé, l’Église catholique envisage désormais un accompagnement médico-psychologique pour les prêtres accusés de pédocriminalité. L'institution religieuse mise sur la prévention afin que les abus pédosexuels ne se reproduisent plus. Des abus qui remontent à plus de 30 ans et qui continuent à avoir lieu.

Les prêtres pédocriminels, entre le déni et la minimisation

La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) a auditionné dix prêtres et un diacre, condamnés pour abus sexuels. Aucun profil spécifique n'a été détecté. Les âges des auditionnés varient entre 60 et 80 ans, de classes sociales différentes et ont tous ont été amoureux avant la prêtrise. En revanche, deux types d'attitudes ont été relevés : le fait de ne pas reconnaître la notion de violences sexuelles et celle de minimiser les faits. Selon Frédéric Starck, membre de la commission, les hommes de l'Église se sont défendus soit en parlant des gestes d'affection, soit en disant que l'Église n'a pas su les en empêcher.

La commission tente actuellement de recenser le nombre de victimes d’agressions sexuelles ayant été commises au sein des institutions catholiques depuis 1950. Jean Marc Sauvé, président de la commission, estime ce chiffre à 10 000 en mars dernier. Quant au nombre d’agresseurs, il se situerait entre 2 900 et 3 200. Cette « estimation approximative » a été basée sur l'étude des archives de l'Église, de la justice et de la police judiciaire. Elle a été complétée par des sources de presse et les différents témoignages recueillis par la commission.

L'incapacité de l'Église à mettre fin aux abus

Le rapport, qui a été publié mardi 5 octobre 2021, a pointé la manière dont les Églises ont traité ces prêtres pédocriminels. Il a conclu qu'au fil des années, les institutions religieuses n'ont pas su réagir de la manière appropriée face à ces délits. Le cas de Monseigneur Robert Marchal, ex-vicaire épiscopal de Nancy, en témoigne largement. En 1995, celui-ci a fait la sourde oreille face à la plainte d'une victime. Cette dernière dénonçait un viol subi 30 ans plus tôt. Bien que le prêtre mis en cause ait avoué son crime, Robert Marchal n’a rien fait. Essayant de justifier ses actes, il explique que l'accusé, étant curé de paroisse, a été amené à avoir des contacts avec des mineurs. “Je ne plaide pas coupable parce que je ne trouve pas que je cachais les faits mais plutôt je ne faisais pas ce j’ai dû faire”, s'en est-il justifié.

Toutefois, venant d'un évêque qui se doit de signaler les faits à la Justice, ce comportement a été jugé inacceptable.

Des soins psychiques s'imposent

Le processus de soin se base sur le traitement des troubles psychiques liés à l'absence de sexualité. En effet, certains évêques ont estimé, lors des auditions de la Ciase, que l’obligation du célibat était la principale cause des violences sexuelles commises. Cette affirmation a été appuyée par les travaux du psychanalyste, Matthieu Lacambre. Il estime que le fait que certains prêtres pensent qu'ils puissent « régler définitivement la question de leur propre sexualité avec un vœu » ne fait qu'augmenter les risques. C'est pour cette raison que les institutions catholiques envisagent désormais un accompagnement médico-psychologique pour les hommes de religion, dès leur accusation.

Un séminaire pour former les prêtres

Le séminaire d'Orléans est l'occasion pour les médecins de faire des formations sur la sexualité. Bien évidemment, rien ne garantit que les personnes formées ne soient pas des pédophiles. Néanmoins, la participation de personnes compétentes dans la psychiatrie ou la psychologie, représente un premier pas vers la prévention. Le Père Laurent Tounier, l'un des formateurs, a exprimé sa volonté de former les prêtres de façon qu’ils ne soient plus vus comme de « potentiels dangers ». L'objectif est donc de faire en sorte qu'ils soient plutôt considérés comme des vigiles, capables de détecter les signes de détresse des enfants agressés.