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Un nouveau krash boursier en 2022?

Les marchés financiers s'enflamment à cause de la multitude de bulles spéculatives qui risquent d’éclater à tout moment. Une situation qui pourrait virer à un véritable krach boursier selon Jacques Ninet, consultant et chercheur affilié à l’Université de Poitiers.
S’exprimant dans une interview accordée à Capital, il évoque les plans de relance massifs, mis en place pour faire face aux répercussions de la pandémie, ainsi que l’explosion de la cryptomonnaie et la baisse spectaculaire des taux d’intérêt. D’après Jacques Ninet, ce sont ces éléments qui ont surchauffé les marchés et qui pourraient mener vers un krach boursier.

États-Unis : des marchés financiers en surchauffe

La situation aux États-Unis inquiète également l’expert. Le ratio entre le cours des actions et le PIB – la richesse réelle créée sur le territoire américain – a été de 0,8 durant les 50 dernières années. Or, à cause des facteurs cités plus haut, ce ratio pourrait frôler le chiffre 2. En termes plus simples, cela signifie que les marchés financiers valent deux fois plus que la richesse réelle créée par l’économie américaine.

Ce n’est pas tout : Jacques Ninet évoque aussi le PER de Shiller. Pour information, il s'agit d'un indicateur utilisé en analyse boursière. Il est appliqué pour le marché S & P 500 aux États-Unis. Le dispositif est calculé ainsi : la division de la capitalisation boursière d’une entreprise par la moyenne de ses résultats nets sur une période de 10 ans. Ce que l’on obtient est, par la suite, ajusté à l'inflation. Ce ratio a atteint 37. Ce qui signifie que la capitalisation boursière des entreprises américaines est 37 fois supérieure à leurs résultats nets. Du jamais vu depuis 140 ans! “C’est un signe indiscutable d’une surchauffe”, a précisé l’expert de l’Université de Poitiers

Les marchés internationaux ne sont pas épargnés

Il n’y a pas qu’aux États-Unis que les risques d’un krach boursier sont réels. C’est également le cas à l’échelle internationale. De plus, ces marchés dépendent énormément de la tendance américaine. C’est un fait qu'on a constaté lors de la crise de subprimes de 2007. Elle avait commencé aux États-Unis, dans un contexte marqué par une double crise : celle du secteur des prêts hypothécaires à risque et celle du secteur bancaire et financier.

Elle a éclaté lorsque les prix de l’immobilier ont fortement chuté, chose que la Réserve Fédérale n’avait pas pu anticiper. Dans ce même contexte, l’institution d’émissions américaine a augmenté son taux directeur. Ce dernier est pratiqué entre banques commerciales et Réserve Fédérale. Or, les taux d’intérêt, pratiqués entre particuliers et banques, étaient très bas, ce qui a encouragé les consommateurs à emprunter en masse pour acheter des biens immobiliers.

De nombreux particuliers se sont retrouvés dans une situation de défaut de paiement et n'ont pas pu rembourser les crédits immobiliers. D’ordinaire, les organismes de crédit peuvent remédier à ce problème en se remboursant eux-mêmes grâce à la vente du bien immobilier en question. Or, comme nous l’avons mentionné, les prix étaient en baisse. La valeur des biens n’a donc pas permis à ces organismes de s’auto-rembourser, provoquant ainsi leur faillite.

Des fonds d’investissement, qui ont spéculé sur ce type d’emprunts, ont également mis la clé sous la porte. La suite, nous la connaissons : une crise qui a touché tous les marchés financiers de la planète.

Un krach difficile à prévoir

Par ailleurs, concernant la probabilité d’un krach boursier, Jacques Ninet rappelle que plusieurs entreprises sont surévaluées sur le plan boursier. C’est surtout le cas des GAFAM, à savoir les entreprises américaines du secteur de la technologie : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.

Elles accaparent 20 % du marché boursier américain. Toutefois, elles ne génèrent que 10 % des bénéfices globaux de l’économie réelle. En d’autres termes, ces firmes représentent un ratio court boursier/ bénéfices élevé. C'est ce qui souligne le décalage entre leur valeur boursière et leur contribution à l’économie réelle. Pour résumer, l’expert financier est certain de l’arrivée prochaine d'un krach boursier aux États-Unis. Cependant, il est très difficile de prédire le moment où toutes ces bulles spéculatives vont éclater.