Divers

Poursuite d’étude, un véritable casse tête pour les étudiants depuis 2017

Chaque année depuis la réforme de 2017, plusieurs milliers d’étudiants et étudiantes en licence se retrouvent sans aucune proposition de poursuite d’études. Le passage au bac + 4 s’est transformé en véritable parcours du combattant. En effet, poursuivre ses études devient de plus en plus inaccessible pour certains jeunes licenciés. Avec le durcissement des possibilités de recours, les étudiants n’auront pas de place en master. Rappelons que la sélection en master se fait en M1 et non en M2. Cette loi date du gouvernement Hollande-Valls. Elle contribue fortement à la dégradation des conditions d’étude et augmente les inégalités.

La galère des étudiants

En cas de non-obtention de master, un droit à la poursuite d'études a été créé. Ainsi, les étudiants peuvent entreprendre une démarche de poursuite d'études auprès des services rectoraux sur le portail trouvermonmaster.gouv.fr. Le rectorat doit alors faire des propositions de formation.

Sauf qu’en réalité, malgré leurs démarches auprès du rectorat, de nombreux étudiants se retrouvent sans affectation. Selon un rapport du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, sur plus de 12 000 saisines en 2020, plus de 7 000 ont été acceptées. Parmi elles, seuls 159 étudiants ont reçu trois propositions et 365 en ont reçu uniquement deux. Au total, quatre étudiants sur 10 ont reçu au moins une proposition, pointe la CGT FERC Sup.

De plus, ces propositions ne correspondent pas toujours aux attentes des étudiants. En moyenne, elles ont été acceptées une fois sur trois entre 2017 et 2019, selon les déclarations d'Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l'Enseignement supérieur et de l'Insertion professionnelle (DGESIP).

En outre, le « droit à la poursuite d’études » mis en place par l’ancien gouvernement ne tient pas compte des conditions d’existence des étudiants. De plus en plus précarisés, des milliers de diplômés de licence se trouvaient sur le carreau cette année. Cette réforme privilégie d’emblée les étudiants qui « profitent » de l’arrêt estival des cours pour travailler à plein temps afin de préparer l’année suivante.

Depuis l'entrée en vigueur de cette réforme, la sélection sociale au sein de l’enseignement supérieur s’est largement creusée. Les étudiants des classes populaires qui sont contraints de chercher un emploi dans un contexte de chômage grandissant, sont les premières victimes.

Durcissement de la réforme

Le Ministère de l’Enseignement supérieur a mis en place des modifications en lien avec l’accès au Master. Plusieurs changements attendent les étudiants. Désormais, la sélection s’est encore intensifiée. Les étudiants qui n’ont aucune admission en Master sont obligés, en plus des conditions de sélection déjà en vigueur, de remplir des conditions supplémentaires tels que le fait d’avoir effectué au moins cinq candidatures en première année de master, auprès d’au moins deux établissements d’enseignement supérieur.

Le député Philippe Berta (Modem), corapporteur d’une mission sur la loi de 2016, a déclaré être en faveur d’aménagements plus sélectifs en master. Selon les Echos, ce dernier désire s’inspirer de Parcoursup pour les délais afin de favoriser la libération de places. Berta décrit cette plateforme comme étant positive et efficace.

Ces décisions sont justifiées par une obtention plus large du baccalauréat l’année dernière par les élèves de terminale pendant la pandémie. Ceci a eu pour conséquence l'obtention de filières plus remplies en L1 et de manière générale à l’Université.

Rappelons qu’en juin dernier, 54 000 candidats s'étaient retrouvés sans affectation lors de la fin de la sélection de Parcoursup. Ces chiffres prouvent à quel point ce dispositif est un outil de sélection majeur pour « faire le tri » entre les élèves. Il a pour conséquence d’exclure de l’université des milliers d’étudiants chaque année.

Une plateforme comme Parcoursup réclamée par une pétition

Face à cette impasse, de nombreux étudiants essaient de résister. Le « droit à la poursuite d’études » mis en place par l’ancien gouvernement ne tient pas en compte les conditions d'existence des étudiants. De ce fait, un hashtag #EtudiantsSansMaster a été lancé.

Deux étudiants ont créé une pétition à l’attention de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement Supérieur. Ces derniers plaident pour une augmentation des places en master mais aussi pour la création d'une plateforme pour une gestion nationale des candidatures, à la manière de Parcoursup.

Selon L’Étudiant, ce dispositif est attendu pour 2023. Il pourrait ainsi faciliter les candidatures et améliorer la gestion des listes d'attente.