Du 5 au 11 octobre, une délégation de quatre sénateurs français conduite par un ancien ministre de la Défense assure une visite officielle au Taïwan. Les sénateurs comptent rencontrer la présidente Tsai Ing-wen ainsi que plusieurs ministres du pays. Très critiquée par Pékin, cette visite intervient dans un contexte de vives tensions entre la Chine et Taïwan. D'ailleurs, il y a eu une série d'intrusions record d'avions militaires chinois dans le ciel de l'île. Sans oublier les fortes contestations par l'Ambassade de la Chine en France! En effet, cette visite irrite profondément les autorités à Pékin.
Qu'est-ce qu'il y a au menu ?
Cette visite s'inscrit dans un objectif de réaffirmation des liens entre la France et Taïwan. En effet, une délégation composée de quatre sénateurs membres du groupe d’amitié France-Taïwan, a entamé une visite sur l'île. Conduite par Alain Richard, ancien ministre de la Défense sous Lionel Jospin, la délégation sénatoriale va visiter la présidente de l'île Tsai Ing-wen sans prendre part aux cérémonies prévues pour la fête nationale du pays.
Alain Richard a confié au journal Le Monde que cette visite à l'île de 23 millions d'habitants a été prévue « en concertation étroite avec le Quai d’Orsay« .
Une visite qui porterait atteinte aux intérêts de la Chine
Ce déplacement, initialement prévu en mars, a suscité un débat houleux et une vraie passe d'armes entre les autorités chinoises et les sénateurs français. L'Ambassade de la Chine a précisé dans des commentaires récents sur son site web qu'une telle visite pourrait porter atteinte aux intérêts de la Chine et nuire aux relations sino-françaises.
L'ambassadeur chinois a envoyé une lettre à Alain Richard pour insister sur le fait que la visite sénatoriale à l'île « violerait clairement le principe d'une seule Chine et enverrait un mauvais signal aux forces indépendantistes de Taïwan ».
Pour désamorcer la situation, l'ancien ministre français de la Défense tenait à rappeler que la visite de l'île ne revêt pas un aspect « contradictoire avec la reconnaissance de Pékin par la France ». De plus, il a insisté sur le fait que la France n'est pas la seule à avoir de telles relations avec Taïwan.
La France assure un soutien discret à Taïwan
Rappelons que cette île a été évincée des Nations Unies en 1976 au profit de la Chine. Aujourd'hui, elle n'est reconnue que par une quinzaine de pays à travers le monde. N'ayant pas de relations diplomatiques claires et formelles avec Taïwan, la France tient quand même à assurer un soutien discret à l'île.
Barthélemy Courmont, chercheur associé à l'IRIS et rédacteur en chef de la revue trimestrielle « Monde chinois, nouvelle Asie » a rappelé, à France 24, que Taïwan constitue un vrai partenaire pour la France dans plusieurs domaines : économie, culture, commerce…
Cependant, sur le plan politique, la France reconnaît uniquement la Chine, « une seule Chine ». C'est un secret de polichinelle qu'il y a eu toujours des relations entre Taïwan et Paris. C'est une donnée que personne ne peut nier.
La chine, de plus en plus décomplexée et agressive
Ayant lieu dans un moment d'extrême tension entre Pékin et Taipei, la visite des sénateurs français à Taïwan vient compliquer la situation. En effet, la Chine considère cette île comme une province rebelle. D'ailleurs, 148 avions chinois ont traversé le ciel taïwanais en seulement 4 jours.
Face à cette diplomatie chinoise agressive, Taïwan commence à marquer des points sur la scène internationale. En effet, nombreuses sont les délégations étrangères qui ont multiplié leurs visites à l'île. La Lituanie et la France ont ouvert, chacune, un nouveau bureau de représentation sur son territoire. De telles visites ont permis de renforcer les relations de l'île avec d'autres pays. Ainsi, Taïwan a pu susciter du soutien et attirer les regards.