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Paris: une enquête préliminaire ouverte sur des soupçons de "favoritisme" autour du projet de la Tour Triangle

Le somptueux édifice parisien devait voir le jour en 2024, coïncidant avec les Jeux Olympiques à Paris (JO), mais il semble qu’il va falloir attendre. Située au cœur du Parc des expositions de la Porte de Versailles (XVème arrondissement), la Tour Triangle fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le Parquet National Financier (PNF) pour des soupçons de favoritisme.

C’est suite à une plainte déposée par Rachida Dati, maire du VIIème arrondissement et ancienne garde des Sceaux, et par l’association Anticor en février 2021, que l’enquête a été ouverte. Elle concerne l’attribution d’un marché public d'exploitation du parc des expositions en question à Unibail, premier groupe mondial coté du secteur de l’immobilier commercial. C’est, en tout cas, ce qu’a indiqué une source judiciaire qui s’est exprimée dans le journal Le Parisien.

263 millions d’euros versés par la ville de Paris pour “un préjudice non démontré”

Pour déposer leur plainte, l’association Anticor et la maire du XIIème arrondissement de Paris affirment qu’ils se sont appuyés sur un rapport établi par la Chambre régionale des Comptes de l’Île-de-France. Le document date de juillet 2020. Dans celui-ci, la Chambre estime que le projet de la Tour Triangle de Paris “a été inséré de façon critiquable dans l’enceinte du parc des expositions de la Porte de Versaille”.

En pratique, la ville de Paris aurait accepté de verser une indemnité au concessionnaire du Parc des expositions en question. Il s’agit de Viparis, qui est une filiale d’Unibail-Rodamco. Le montant de l’indemnisation s’élèverait à 263 millions d’euros. Selon le rapport de la Chambre régionale des Comptes de l’Île-de-France, cette somme a été versée “pour un préjudice non démontré”.

Dans ce même contexte, le rapport a indiqué que Paris a attribué un nouveau contrat à Viparis, sachant qu’elle a résilié sa concession de manière anticipée. Cette opération a permis à Viparis de poursuivre l’exploitation des installations du parc des expositions. De surcroît, il semble, selon le même rapport, que l’attribution du contrat a été effectuée “dans des conditions contestables”.

Un traitement de faveur pour Viparis au détriment de ses concurrents ?

D’autre part, le document mentionne les délais de dépôts d'offres par les entreprises souhaitant s’occuper du projet. Ils ont été jugés “courts”. Dans ce même contexte, d’après la même source judiciaire, la ville de Paris a demandé aux entreprises candidates de verser un droit d’entrée de 263 millions d’euros.

C’est là où un “échange” a été fait entre la mairie de Paris et Viparis. Elle a accepté que l’entreprise en question s’acquitte de la somme demandée. En contrepartie, la ville a renoncé à l’indemnité de réalisation anticipée de la concession. Les autres candidats n’ont pas bénéficié d’une telle “faveur”. En effet, ils étaient dans l’obligation de payer ce droit d’entrée sans recevoir la moindre indemnité, ce qui a éveillé les soupçons autour d’un éventuel favoritisme pratiqué par la ville. Pour la Chambre régionale des Comptes de l’Île-de-France, la direction de Paris s’est privée “d’une ressource nette”, tout en bafouant le principe de la concurrence entre les candidats qui étaient en lice pour décrocher le contrat pour la construction de la Tour Triangle de Paris.

Un projet déjà contesté

Pour rappel, la Tour Triangle de Paris devait voir le jour en 2024 à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. C’est un grand édifice de 180 mètres de haut et de 42 étages. Il devait également abriter 2 200 mètres carrés de bureaux. Ces derniers ont été conçus à la manière d’un coworking space.

Il était également prévu que le bâtiment dispose d’un centre de conférences, d’un hôtel 4 étoiles, d’un restaurant panoramique, d’un centre de santé et d’une crèche. Un jardin public de 8 000 mètres carrés devait entourer la Tour Triangle. L’idée est née en 2008. En novembre 2014, le projet a été confronté à son premier rejet. C’est Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate à l’élection présidentielle, qui l’a défendu. Le gratte-ciel, selon elle, est un investissement de 500 millions d’euros avec, à la clé, 5 000 emplois.