Le débat sur l’énergie nucléaire est toujours d'actualité en France. Pour plusieurs observateurs, l'indépendance énergétique du pays est en question. Dans cette même optique, l’énergie nucléaire constitue une alternative au gaz russe et à l’importation. Pour d’autres, notamment les écologistes, il s’agit d’un danger aussi bien pour l’environnement que pour les Français.
La question a été remise sur la table avec les SMR (Small Modular Reactor). Ce sont des mini-centrales nucléaires modulaires. C’est une sorte de dispositif “next-gen” pour certains spécialistes.
Selon eux, il s’agit d’une réconciliation entre l’écologie, l’économie et le nucléaire. De fait, ces centrales sont moins coûteuses que les classiques. D’ailleurs, c’est le cheval de bataille du président Macron. En France, les SMR devraient voir le jour d’ici 2035, dans le cadre du projet NUWARD mené par EDF, TechnicAtome, Naval Group et le CEA.
Un contexte marqué par la hausse des prix de l’énergie
Actuellement, la France produit près de 70 % de son électricité grâce au nucléaire. Toutefois, d’ici 2035, cette part devrait tomber à 50 % sous la pression des opposants à l’énergie atomique. Toutefois, il faut noter que les Français font face à une hausse spectaculaire des coûts de l’énergie, d’autant plus que la capacité des énergies vertes à couvrir les besoins du pays est plus que jamais remise en question.
Les prix du gaz, à titre d’exemple, ont enregistré une hausse historique de 12,6 % au 1er octobre 2021. D’ailleurs, pour calmer l’opinion publique, le gouvernement Castex a été contraint de geler les prix pour l’hiver.
Les SMR : moins coûteux, plus sécurisés
On devrait avoir plus de précisions sur les SMR en ce mois d’octobre. Une éventuelle annonce devrait coïncider avec la publication d’un plan d’investissement complémentaire de 50 milliards d’euros dans le cadre d’un plan de relance. Les SMR sont 10 fois plus petits que les centrales nucléaires classiques. Ils sont également 10 fois moins puissants. Par contre, ces “mini” dispositifs sont nettement plus sécurisés et leur construction est beaucoup moins coûteuse.
Pour plusieurs spécialistes, c’est l’avenir de la filière et du secteur énergétique en France. Ils permettraient, éventuellement, d’alimenter des zones isolées, de créer des réseaux de chauffage urbain, ou encore de dessaler l’eau de mer. Selon la société américaine Hyperion Power Generation, ce type de réacteur nucléaire pourrait afficher une autonomie de 8 à 10 ans.
Il s’agirait, également, de les cumuler avec les réacteurs EPR. En France, un dispositif de ce type devait voir le jour à Flamanville depuis 2012, mais il a pris énormément de retard. Il ne devrait donc être opérationnel qu’en 2023.
Bien entendu, les SMIR à eux seuls ne permettent pas de renouveler le parc nucléaire de la France. Cependant, d’après Renaud Crassous, l’un des directeurs du projet NUWARD qui représente EDF, il s'agit d'un projet conçu pour l’international, donc pour l’exportation.
Un enjeu de la présidentielle de 2022
Alors qu’il avait entamé son mandat en promettant de fermer 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035, Emmanuel Macron devrait officialiser la mise en place des SMR d’ici la mi-octobre 2021. C’est, d’ailleurs, une option qu’il avait défendue fin 2020 lors d’un déplacement à Creusot. “C’est le nucléaire militaire et civil qui procure à la France son statut de grande puissance”, avait-il alors déclaré.
Si la Droite française soutient, en grande partie, le projet du président, celui-ci risque de se heurter au rejet de la Gauche, notamment du côté des écologistes. C’est le cas de Yannick Jadot d’Europe Écologie les Verts (EELV) qui rappelle que “le nucléaire n’a pas d’avenir ».
Idem du côté socialiste! Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate à la présidentielle de 2022, appelle à une sortie rapide du nucléaire, tout en développant les énergies vertes. La campagne s’annonce donc mouvementée. Reste à attendre, désormais, l’annonce officielle d’Emmanuel Macron sur les SMR.