Au moment où la frontière franco-espagnole connaît un afflux de migrants clandestins, un drame a frappé Ciboure. Fauchés par un train, trois migrants algériens ont trouvé la mort alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Europe du Nord en traversant les Pyrénées.
Faits de l'accident
Mardi 12 octobre 2021, vers 5 heures du matin, un TRE a percuté quatre personnes à 500 mètres de la gare de Saint-Jean-de-Luz dans les Pyrénées-Atlantiques. Trois personnes sont décédées et une a été gravement blessée. Une enquête aux fins de recherche des causes de la mort est ouverte par le Parquet de Bayonne dans la foulée. L’enquête a été confiée à la sécurité publique de Bayonne, la direction de la police judiciaire et la police de l’air et des frontières d’Hendaye.
D'après le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, les victimes sont “des migrants algériens, âgés de 21 à 40 ans”. Le seul rescapé de ce drame, âgé de 28 ans, a été auditionné par le Parquet malgré son état de santé détérioré. Il a été grièvement blessé aux membres inférieurs, à l’abdomen et au bassin. Il a été pris en charge par une équipe de Samu sur place avant d’être transporté au centre hospitalier de Bayonne.
Les victimes allongées sur la voie ferrée
Ces quatre personnes se sont retrouvées sur la voie ferrée au moment du passage du train, un TER roulant en provenance d’Hendaye vers le nord, d’après le Parquet. Le rescapé a affirmé que lui et ses trois compagnons cherchaient à échapper aux contrôles de police en essayant d’entrer illicitement sur le territoire français. Il a poursuivi qu’ils voulaient prendre un train sans avoir besoin de donner des informations sur leur destination. Les quatre migrants ont été percutés par le train lorsqu'ils se sont allongés sur les voies pour reprendre leur souffle.
D’après le procureur, parmi les personnes décédées, une seule a été identifiée de “manière certaine”. Cela a été possible en comparant ses empreintes avec les fichiers espagnols. Il s’agit d’un homme, âgé de 21 ans, qui avait fait l’objet d’un dossier d’expulsion en Espagne. Par ailleurs, des documents administratifs ont été retrouvés sur les lieux. Mais, ceux-ci ne permettent pas de déterminer l’identité des victimes. Entretemps, une enquête de flagrance est en cours. Selon les premiers éléments de cette enquête, les victimes sont tous des migrants de nationalité algérienne. Les services du procureur, eux, sont en communication avec le consulat algérien pour en dévoiler l’identité de manière formelle.
Un impact inéluctable
D’après le Parquet et le SNCF, le drame s’est produit dans un secteur démuni d’éclairage public et difficile d’accès par la route. Le train circulait à 92 km/h, selon les premières constatations. Le conducteur a déclaré avoir “perçu au tout dernier moment plusieurs individus qui visiblement n'étaient pas en train de circuler sur la voie et qui étaient a priori allongés”, relève le procureur. La même source souligne que le chauffeur du train a activé la procédure d’urgence mais aucune manœuvre n’aurait permis d’éviter la collision. En tenant compte des circonstances de l’accident, l'impact était, dit le procureur, « inévitable ». Cela n’empêche pas que les vérifications techniques se poursuivent, notamment avec l'analyse des bandes graphiques du train.
Le Pays basque, théâtre de drames similaires
Trois des quatre personnes avaient précédemment fait l’objet de procédures pour séjour irrégulier sur le territoire espagnol, précise Jérôme Bourrier. Les chiffres publiés en août dernier par le ministère espagnol de l'intérieur indiquent que 16 586 personnes sont entrées en Espagne irrégulièrement sur les sept premiers mois de l'année. Il s'agit de 50 % de plus par rapport à la même période de l’année écoulée. L’Espagne est considérée, dès lors, comme l’une des principales portes d’entrée en Europe pour les migrants.
Le Pays basque, étant l’un des importants points de passage, a été le théâtre de drames du même type. En août dernier, un migrant est décédé alors qu’il tentait de traverser le fleuve frontière Bidassoa vers le territoire français. Au niveau de ce même fleuve, un autre jeune originaire du Côte d’Ivoire avait été retrouvé mort après avoir tenté de rejoindre Hendaye (côté français).