11 300 000 000 000 est incontestablement le chiffre de la semaine ! Ces 11 300 milliards de dollars représentent le montant total de l’évasion fiscale. C’est ce que nous révèlent, le 3 octobre dernier, les résultats de l’enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Cette investigation s’est faite en collaboration avec 150 médias, tels que la BBC Panorama, le Guardian et le Monde. Ils ont, ainsi, épluché des dossiers recueillis dans 117 pays. Les 600 journalistes se sont aussi attelés à étudier le cas de 14 cabinets spécialisés dans les sociétés off-shore. Les résultats de toutes ces analyses pointent du doigt 35 chefs d’État, 300 responsables publics et 130 milliardaires.
Les révélations des Pandora Papers
Pandora Papers est le nom de cette nouvelle enquête de l’ICIJ. La première, datant de 2016, portait le célèbre nom de Panama Papers. Ces investigations ont pour point commun de révéler au monde,un système financier et politique véreux. La spécificité des Pandora Papers est qu’elles soulignent que l’évasion fiscale a, désormais, atteint des sommets ! Le nom en référence à la boîte de Pandore est un excellent choix. Cette boîte ne contenait-elle pas tous les malheurs du monde ? La somme cumulée par les fraudeurs pourrait effectivement épancher la maladie, la famine et la misère.
Ainsi, on découvre que plus de 1 500 propriétaires britanniques auraient acheté leurs biens via des sociétés off-shore. Parmi ces derniers, il y aurait Tony blair et sa femme. Selon la même combine, le roi Abdallah II de Jordanie s’est offert des propriétés au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il en est de même pour le roi du Qatar et son manoir à Londres. La famille du président kenyan détient un réseau de sociétés écran. Vladimir Poutine et Dominique Strauss-Kahn sont, aussi, sur le banc d’accusation. De nombreuses célébrités sont également épinglées. Le crooner Julio Iglesias, la chanteuse Shakira, le footballeur Guardiola, le mannequin Claudia Schiffer font partie de la liste. La majorité des personnes concernées se sont exprimées en dénonçant des accusations non fondées.
L’investigation divulgue, aussi, la nouvelle carte des paradis fiscaux. De nouveaux États se sont rajoutés à la liste. Le Dakota du Sud, par exemple est en passe de devenir un lieu prisé pour ceux qui cherchent à blanchir leur argent. Il en serait de même pour le Delaware et Wyoming.
Évasion fiscale : procédés et sanctions
L’évasion fiscale remonte à aussi loin que l’imposition. L’attrait pour cette pratique va en grandissant chez les plus fortunés. La liste des scandales ne fait que s’allonger : Paradise Papers, Swiss Leaks, Malta Files, Bahamas Leaks, LuxLetters, etc. Les montants volés sont, quant à eux, de plus en plus vertigineux.
Pourtant, le procédé est toujours le même. Motivé par un besoin de blanchir de l’argent ou d’échapper aux impôts, le criminel choisit un paradis fiscal. Ce type d'État est facile à reconnaître. Il y est extrêmement facile de créer une entreprise. De plus, les impôts y sont inexistants, voire, dérisoires. Enfin, l’identification des propriétaires de la société est rendue presque impossible par les lois régissant le pays.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le recours à des sociétés off-shore, n’est pas illégal. Certaines personnes les montent, quand leur pays fait face à une instabilité politico-économique. Cela est alors tout à fait légitime. Ce qui est loin d’être éthique, c’est le recours à tout un réseau de sociétés écran, pour cacher ses biens.
Le pire dans tout cela, c’est que l’évasion fiscale se fait en toute impunité. Deux jours après les Pandora Papers, les ministres des Finances européens se sont réunis. Quelques heures plus tard, ils annonçaient le retrait de trois États de la liste des paradis fiscaux. Les Seychelles, au cœur du scandale actuel, fait partie des trois pays !
Rappelons que la liste des paradis fiscaux sert à geler les fonds suspects retrouvés dans ces états. La réduction de cette liste noire à 9 États donne une carte blanche, à tous les criminels en col blanc.