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Le retour de l’ambassadeur d’Algérie en France sous la condition du "respect total de l’Etat Algérien" par Paris

Face aux déclarations de Macron visant l’Algérie, Tebboune a affirmé que seul le respect total de l’Algérie pourrait garantir le retour de l'ambassadeur algérien en France.

Alger indignée :

Abdelmadjid Tebboune a fait sa première apparition publique suite aux propos du président français. Il évoque un possible retour de son représentant en France. Selon lui, ce pas vers l’apaisement des tensions dépend du respect total de l’Algérie. Pour le premier ministre l’histoire serait falsifiée si on oubliait le passé de la colonisation française.

Les médias algériens ont aussi interrogé Abdelmadjid Tebboune sur “la fermeture de l'espace aérien aux appareils militaires”. Sa réponse a été la suivante : « dans les relations diplomatiques, il n'y a rien d'irréversible ». Pour lui, on ne peut pas faire abstraction des crimes de la France pendant 130 ans de colonisation. De plus, il n’a pas manqué d’insinuer que les propos de Macron auraient de possibles visées électoralistes.

Par ailleurs, Macron est même allé jusqu'à demander si la nation algérienne existait avant l’invasion française en 1830. Fait prévisible, l’opinion algérienne s’est offusquée des déclarations du président français. Suite à la riposte du “camp” algérien, Macron a choisi de se rétracter. La sensibilité de la question algérienne et l’importance de la réouverture de l’espace aérien aux appareils militaires français ont certainement joué un rôle dans ce changement d'attitude.

Changeant de ton, le chef de l'État français a déclaré vouloir un apaisement sur la question du mémorial avec l’Algérie. En effet, il souhaite que les deux pays cheminent ensemble. Pour lui, « reconnaître toutes les mémoires » serait la solution. Dans un entretien pour France Inter, le président français explique qu'il y aura forcément d'autres tensions. Néanmoins, il pense devoir progresser vers un hommage digne de la mémoire commune des deux pays.

Des incidents diplomatiques à répétition

Le président français a choisi un mauvais timing pour créer un incident diplomatique. En effet, la tension entre Paris et Alger coïncide avec de fortes crispations entre la France et le Mali. Rappelons que ce pays a des frontières avec l’Algérien au nord-est, ce qui n'arrange pas les choses. De plus, Macron ne s’est pas contenté de faire les déclarations offensantes mentionnées précédemment. Il s’est aussi attaqué à la Turquie. Selon lui, celle-ci aurait réussi à faire oublier sa domination sur l'Algérie durant 300 ans.

L'héritière de l’empire Ottoman n'est pas restée de marbre face à de tels propos. Elle affirme “ne pas avoir une tâche comme la colonisation ou le génocide” dans son histoire. Ce fait n’a pas manqué d’attirer l'attention de plusieurs commentateurs. Hassen Kacimi, expert algérien en questions migratoires, a lié les “dérapages” de Macron à ses ambitions politiques pour avril 2022.

Hasni Abidi, directeur du centre d'études Cermam à Genève, voit les choses sous un angle différent. Selon lui, le président français serait déçu de la réaction peu enthousiaste d’Alger concernant le chantier de reconnaissance mémorielle.

Abdelmadjid Tebboune a profité de cet incident pour rappeler les exigences de son pays. Selon lui, Alger ne demande pas une repentance mais une reconnaissance des crimes commis lors de 130 ans de colonisation. Il rappelle à Macron que ce dernier avait avoué en 2017 que les crimes de la France en Algérie étaient pires que ceux de la Shoah. Autre problème entre la France et l’Algérie, la question de la réduction de moitié des visas pour l'Algérie et le Maroc et d'un tiers pour la Tunisie, Selon Gérald Darmanin, ces pays refusent de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour de leurs citoyens en France.

Tebboune a démenti ces déclarations et a affirmé que le chiffre, à savoir 7 000 Algériens clandestins, évoqué par la France, est mensonger. Il s'agirait uniquement de 94 Algériens. Il a aussi rappelé des accords émis entre les deux pays. Ces derniers font de l'Algérie, contrairement à la Tunisie et au Maroc, un pays spécial pour la France en matière d'immigration. Les accords d'Évian, adoptés en 1962, prévoyaient une libre circulation entre l’Algérie et la France. De même, ceux de 1968 avaient pour objectif de faciliter la circulation entre les deux pays.