Le rapport accablant sur la pédocriminalité au sein de l’Église de France continue de susciter des réactions. Le souverain pontife n’a pas manqué de faire part de sa “honte” après avoir exprimé son “immense chagrin”. 216 000, c’est le nombre de mineurs sexuellement agressés par les hommes de l’Église depuis 1950 d’après la commission indépendante. Le chiffre est tellement alarmant qu'il ne laisse pas indifférent !
C'est la honte ! dixit le pape François
En réaction au rapport publié par la commission sur les abus sexuels dans l'Église, le pape François a fait part de son « profond chagrin » et a « demandé pardon » aux victimes. « Je prie et prions tous ensemble à toi seigneur la gloire, à nous la honte… C’est le moment de la honte ! « , a-t-il dit au cours de l'audience générale. Il s’est insurgé contre l’incapacité de l'institution catholique à mettre les victimes au centre de ses préoccupations.
Ce n'est pas la première fois que le pape François réagit face à la multiplication des scandales d'agressions sexuelles commises par des religieux. En décembre 2019, Il avait annoncé la levée du secret pontifical sur ce type de crimes. Les témoignages, les plaintes, et les dossiers des procès internes de l'Église allaient désormais être transférés à la justice civile. De plus, les prêtres devront également signaler à la hiérarchie de l'Église tout soupçon d'agression sexuelle ou même de harcèlement.
En 2021, le chef de l’Église a ordonné le remaniement du droit de l'institution catholique en matière de sanctions datant de 1983. Il a été question d'ajouter un article consacré aux crimes sexuels commis par des prêtres contre des mineurs et des personnes handicapées. Cet article dispose : « est puni tout religieux ou laïc travaillant au sein de l'Église qui pousse un mineur à participer à des exhibitions pornographiques ou détient des images pédopornographiques ».
Toutefois, cet article a fait l'objet de nombreuses critiques. Les victimes ont notamment déploré le fait que le clergé ne soit pas obligé de signaler des faits auprès de la justice civile sauf si la législation du pays l’oblige à le faire. Ainsi, le secret de la confession demeure absolu.
Un scandale secoue l'institution religieuse
La commission indépendante a levé la voile sur des violences sexuelles commises sous l'Église catholique de France il y a au moins 30 ans. Dans un rapport de 2 500 pages, élaboré en deux ans et demi, la commission a rendu public, le mardi 5 octobre 2021, les révélations accablantes de son enquête : près 216 000 enfants et adolescents ont été victimes de clercs et de religieux catholiques depuis 1950.
« Si on ajoute les cas d'agression commis par les personnes travaillant dans des institutions catholiques à l'instar des enseignants et des surveillants, le chiffre s'élève à 330 000 », souligne le président de la commission. Selon le rapport, la responsabilité des violences sexuelles incombe notamment aux responsables de l'Église. On leur reproche le manque de rigueur face aux témoignages des victimes. Dans ce sens, le pape François a exhorté ces responsables à n'épargner aucun effort pour que l'église soit « une maison sûre pour tous ». Qualifiant ce qui s’est passé d’« une épreuve dure mais salutaire », il a demandé aux catholiques d'assumer leurs responsabilités.
Pour sa part, le porte-parole du Vatican a réagi aux révélations revenant sur les déclarations du pape. « Ses pensées se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer. Elles se tournent aussi vers l’Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (…) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption », a-t-il dit.
Le dossier de la pédocriminalité dans l’Église semble loin d’être classé. Les chiffres témoignent de l’ampleur de ce phénomène et font froid au cœur. Entre 2 900 et 3 200 pédocriminels hommes prêtres et religieux ont été recensés depuis les années 1950. Réagir face à ce scandale va au-delà d’une simple indignation. L’Église se doit donc d’assumer sa totale responsabilité auprès des victimes et de faire en sorte que de tels crimes ne se reproduisent plus.