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France 5 : le visage de la femme dans le documentaire "Lady Sapiens" contesté

France 5 a diffusé un documentaire intitulé “Lady Sapiens”. Il s'inspire d’un livre homonyme écrit par Thomas Cirotteau et Éric Pincas. Ce dernier porte sur le rôle de la femme dans les sociétés de la préhistoire. Il s’agit d’un exposé composé de courtes citations des scientifiques, illustré par Pascaline Gaussein. 9 spécialistes d’anthropologie et de préhistoire en dressent un portrait peu élogieux, après l’avoir analysé.

La forme du documentaire est parfaite. Seul problème : il aurait peigné une image fantasmée de la femme. Selon les scientifiques, en faisant une working woman égale à l’homme. Il aurait exagéré son influence sociale. Tous les éléments pouvant suggérer la probabilité même infime de la domination masculine, ont été passés sous silence. Malheureusement, l'époque étudiée n'était pas favorable aux femmes auxquelles on ne donnait pas beaucoup de droits.

La division sexuée du travail : une problématique mal formulée

Lady Sapiens évoque l’époque du Paléolithique récent, s'étalant d’il y a 40 000 à 12 000 ans avant le présent. Il s’emploie à toute force à accréditer l’idée de la faiblesse de l’influence de la division sexuée sur le travail, voire son inexistence. Selon le document, les femmes chassaient. Cela est probablement vrai, mais ne prouve pas l’absence de division sexuée. À part les Agta des Philippines, toutes les sociétés empêchaient les femmes d’avoir accès à l’arc. Cependant, le livre omet de mentionner que cette société importait ses produits végétaux, auprès d’agriculteurs voisins. Ainsi, elle était entièrement spécialisée dans l’acquisition de ressources alimentaires carnées.

Le livre a mentionné une enquête menée sur le seul Paléolithique récent d’Eurasie occidentale couvrant plus 30 millénaires. Selon cette enquête, seuls les hommes avaient les coudes droits qui portaient la trace de jets répétés. Ceci prouve donc que seuls eux avaient accès au port des armes. Cette découverte a été évoquée, juste après la mention de la découverte d’Randall Haas, prouvant l’existence de chasseresses de gros gibier, dans l’Amérique paléolithique. Ils ont donc constaté juste à partir de cela, qu'à l'égal des hommes, certaines femmes chassaient le gros gibier avec les armes.

Le document évoque les deux angles à partir desquels on évoque la domination masculine dans ces sociétés. Il s’agit de ceux de la polygynie et du rapt des femmes.

La question du rapt des femmes

Selon la page 88, le rapt des femmes « ne répond probablement pas à une réalité anthropologique ». Cependant, la suite du texte vient relativiser cette appréciation. Celle-ci affirme que le phénomène a été observé. Cependant, elle avance qu'il n’a pas été particulièrement important. En réalité, le rapt des femmes a toujours existé, et est même considéré comme une réalité banale de l’anthropologie. D’ailleurs, il a été beaucoup documenté dans les populations de l’Australie aborigène.

Peut-être que le rapt a été surestimé par les premiers ethnologues ou par l’opinion coloniale, mais son existence est indéniable. Quant au fait qu’il n'a été considéré nulle part comme le mode privilégié pour le mariage, il reste une preuve de la prévalence entre les deux sexes.

La polygynie

L’existence de la polyginie (une forme spécifique de la polygamie qui ne donne qu’aux hommes le droit d’avoir plusieurs partenaires) est contestée par le livre.

L'Ethnographic Atlas (une base de données anthropologique), répertorie 178 sociétés dans laquelle la chasse et la cueillette, fournissent l'alimentation. Selon ce document, seules 16 d’entre elles étaient monogames. Dans la plupart des cas, les femmes étaient d'accord pour que leurs partenaires aient plusieurs partenaires. Ceci serait une preuve que le divorce légal n'existait pas.

Selon le livre, les Minangkabau de Sumatra et les Yanzi du Zaïre, étaient des sociétés matriarcales. Il s'agit d'une énième falsification des faits historiques puisque la définition de ce mot ne leur correspond pas.

Un autre argument contestant la fiabilité des arguments du livre : l’activité économique des femmes n’exclut pas leur soumission. La réalité actuelle prouve cela.