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COVID-19: Les tests seront désormais payants

L’annonce a été faite en juillet 2021 par le président de la République, Emmanuel Macron : à compter du vendredi 15 octobre 2021, les tests RT-PCR et antigéniques deviendront payants. Ainsi, les premiers coûteront 43,89 euros. Quant aux seconds, il faudra compter 22 euros si la procédure est effectuée dans un laboratoire et 25 euros dans une pharmacie (30 euros les dimanches).

Toutefois, la fin de la gratuité ne concerne que les Français ne disposant pas de prescription médicale. Dans le cas contraire, les tests en question seront totalement remboursés par la Sécurité Sociale. Les mineurs et les personnes vaccinées peuvent toujours en profiter.

Les motifs de la démarche gouvernementale

En fait, la mesure gouvernementale a initialement été annoncée pour pousser les Français vers la vaccination. Cependant, la dimension économique n’y est pas absente. D’ailleurs, le Premier Ministre, Jean Castex, a été clair sur le sujet. “Il n’est plus légitime de payer des tests de confort aux frais des contribuables”, a-t-il déclaré.

Il faut rappeler que la France figure parmi les rares pays qui n’ont pas imposé de conditions pour bénéficier d’un dépistage gratuit de la COVID-19. Mais, au fil des mois, cette mesure a commencé à peser sur les caisses de l’État : un coût de 6 milliards d’euros en 2021.

D’autre part, il faut préciser que le dépistage de la COVID-19 est devenu payant pour les touristes étrangers depuis juillet 2021, soit depuis l’annonce du Chef de l’État. “L’objectif est de rembourser les tests effectués sur la base d’une prescription médicale, tout en incitant à la vaccination”, a encore expliqué le Premier Ministre.

Néanmoins, la démarche gouvernementale, critiquée à bien des égards, risque d’être confrontée à un problème de taille : avec la vaccination, le déclin du SARS-CoV-2 et l’annulation de la gratuité des tests, de moins en moins de personnes penseront à se faire dépister. “Il n’est pas certain que cette politique soit tenable, sachant qu’il existe un risque de rebond épidémiologique qui coïncide avec l’automne”, a mis en garde Pascal Crépey, épidémiologiste.

Une démarche risquée sur le plan social et épidémiologique

Il faut noter, par ailleurs, que le nombre de tests réalisés était déjà en baisse depuis plusieurs semaines selon les données du ministère des Solidarités et de la Santé. Après le pic de 5,7 millions observé en août 2021, nous sommes passés à 3,5 millions durant la semaine du 27 septembre dernier.

Ce phénomène risque donc de s’aggraver. D’un autre côté, la suppression de la gratuité du dépistage de la COVID-19 présente inévitablement un problème social. En effet, plusieurs observateurs de la scène nationale redoutent la hausse des inégalités d’accès aux soins. “Seules les personnes qui auront les moyens pourront se faire dépister”, a déclaré Gilles Pialoux, infectiologue, au journal Le Monde.

D’autres observateurs considèrent la question autrement. C’est le cas du professeur d’épidémiologie à l’Université de Versailles, Mahmoud Zureik. Se confiant au même journal, il estime que la fin de la gratuité pourrait inciter les Français les plus réticents à se faire vacciner. En effet, ces derniers pourront non seulement bénéficier d’un dépistage gratuit, mais obtenir, également, le passe sanitaire.

Le professeur estime, néanmoins, qu’un traitement différent entre vaccinés et non-vaccinés risque de stimuler la propagation de la COVID-19. Les experts, dans tous les cas, restent unanimes sur un point essentiel : l’annulation de la gratuité du dépistage est une arme à double tranchant.

Ils craignent, aussi, que le suivi de l’épidémie ne soit entravé par la mesure du gouvernement. “Nous n’arriverons pas à suivre correctement la progression du virus puisque le taux d’incidence sera affecté”, a déclaré le professeur Mahmoud Zureik.

En tout état de cause, c’est toute la politique des tests RT-PCR qui doit être révisée d’après les experts. Ils rappellent que des sommes phénoménales ont été dépensées pour les tests, mais que cela n’a pas empêché le virus de circuler activement. “Aucune stratégie n’a été établie”, a estimé, pour sa part, Catherine Hill, épidémiologiste.