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Valeurs Actuelles est condamné pour injure raciste

Le verdict est tombé ! Le Tribunal correctionnel de Paris a décidé de condamner l'hebdomadaire d'extrême droite « Valeurs actuelles » à des amendes pour injure à caractère raciste. Le délit : avoir publié un récit représentant la députée de La France Insoumise, Danièle Obono, en esclave.

Des dessins qui suscitent l'indignation

L'histoire a débuté en août 2020 quand l'hebdomadaire a publié un article de sept pages intitulé « Obono l'Africaine », accompagné de dessins de la députée collier en fer au cou. Sous forme d'un exercice de « politique-fiction », celui-ci met en scène la députée de Paris, née au Gabon, subissant les horreurs de l'esclavage de l'Afrique du XVIIIe siècle. Aussitôt publié, l'article a suscité l'indignation des parties civiles et politiques. Parmi eux, le président français, Emmanuel Macron, qui avait appelé Danièle Obono pour lui faire part de sa condamnation catégorique de toute forme de racisme. De nombreuses associations telles que Mémoire et Partage, la Maison des potes, la Ligue des droits de l’Homme et SOS Racisme ont fermement dénoncé les dessins de Valeurs Actuelles estimant qu'il alimente le discours raciste de certains politiques.

En réaction à ces dessins, la députée et son parti ont déposé une plainte contre le journal et une enquête a été ouverte par le Parquet de Paris pour « injure publique à caractère raciste ». Elle s’était indignée contre l’humiliation qu’elle a ressentie ainsi que sa famille à cause des dessins en question. “Je me battrai pour demander justice pour moi, pour la violence commise à mon encontre, le déni de mon humanité, ma mère n’a pas donné naissance à une esclave”, avait-elle dénoncé avant de revenir sur son engagement à défendre la liberté d’expression.

Valeurs Actuelles fait son mea culpa

La rédaction du journal reconnaît avoir commis une “grave erreur” et fait son mea culpa. Elle explique qu’il n’y avait pas d’intention raciste et que le dessin avait pour objectif de placer la controverse sur la question de la relecture historique. Cette position avait été également défendue lors du procès par la direction. Cette dernière a cité en qualité de témoin l’ancien directeur de Charlie Hebdo, Philippe Val, pour faire valoir la liberté de la presse. Ce témoignage a été critiqué par la conseillère régionale la France insoumise et avocate, Raquel Garrido, le qualifiant de « naufrage » avant de préciser qu'il était malsain de faire ressortir la mémoire de Charlie Hebdo pour mettre l'acquis de la liberté d'expression à profit des racistes.

L’avocat de Danièle Obono s'est, quant à lui, insurgé contre un usage de la satire comme prétexte à la banalisation du racisme. Il est allé jusqu’à réclamer de lourds dommages et intérêts pour que ce commerce ne soit plus profitable à l’hebdomadaire, selon ses dires. Présente elle aussi au procès, Raquel Garrido a estimé qu'il s'agit d'un avertissement à toutes les personnes qui participent à la campagne présidentielle et qui utilisent un discours raciste.

La justice donne raison à Danièle Abonné

Mercredi 29 septembre 2021, la justice a donné raison à la députée confirmant que les dessins publiés constituent bien un délit de racisme. Il a été décidé de verser 5 000 euros de dommages et intérêts à Danièle Obono. Le directeur de publication du magazine, Erik Monjalous, qui a comparu devant le tribunal pour ce délit a été condamné à une amende de 1 500 euros. Idem pour le directeur de la rédaction, Geoffroy Lejeune et le rédacteur de l’article, Laurent Jullien qui ont été accusés de complicité. Le journal n’a pas encore déclaré s’il comptait faire appel.

Réagissant à cette décision, la députée s’est félicitée d’avoir remporté son procès Valeurs actuelles. Elle publie sur Twitter : “Justice est rendue. Les racistes sont condamnés. Merci à tous et toutes pour votre soutien. Aux fachos, aux haineux, aux rageux : “Obono l’Africaine” insoumise vous emmerde. »