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Paris: Une nouvelle salle de shoot dans le 10eme arrondissement fait polémique

La polémique enfle à Paris depuis que la maire socialiste, Anne Hidalgo, a obtenu, le 15 septembre dernier, l’aval du gouvernement de Jean-Castex pour l’ouverture de nouvelles salles de consommation à moindre risque, communément appelées les “salles de shoot”. Le concept d’un tel dispositif divise, et pas seulement à la capitale. Il s’agit de permettre à des toxicomanes de s’injecter de la drogue par voies intraveineuses dans le respect des conditions sanitaires et d'hygiène. La drogue, notons-le, n’est pas fournie aux personnes dépendantes.

L’exaspération des Parisiens

Depuis qu’Anne Hidalgo a fait part de ses intentions, les habitants du Xème arrondissement de Paris ont plus d’une fois exprimé leur colère. C’est le cas de Constance qui a manifesté, comme beaucoup d’autres riverains, contre le projet de l’élue socialiste. “Si c'est pour emmener mon petit bébé au parc au milieu des drogués, ce n'est pas envisageable”, a-t-elle confié à nos confrères de France 24. Léo, pour sa part, estime que l’ouverture de nouvelles salles de shoot constitue un véritable danger. Ils ne sont pas les seuls à avoir dénoncé l’initiative d’Anne Hidalgo. D’autres Parisiens considèrent, non sans ironie, que la ville est devenue “un laboratoire d’expérimentations”. “La maire n’a qu’à installer une salle de shoot à l’hôtel de ville !”, ont-ils lancé.

Anne Hidalgo défend son idée

La stratégie de la maire de Paris semble reposer sur le principe de solidarité vis-à-vis des toxicomanes. Il s’agit de venir à bout de ce phénomène. Elle espère, surtout, pouvoir combattre la consommation de crack, un stupéfiant qui se vend comme des petits pains à Paris. Dans cette optique, elle considère que les salles de shoot vont offrir aux toxicomanes un environnement sûr, équipé d'un matériel propre, pour une consommation “encadrée”.

Plus de 400 personnes sont accueillies

C’est en 2016 que la première salle de shoot a vu le jour à Paris, à l’issue d’une initiative lancée par l’association Gaïa. Elle comprend, notamment, une salle d’inhalation. C’est là où les toxicomanes peuvent fumer du crack ou d’autres drogues tout en étant encadrés par des professionnels de la santé.

On y trouve aussi un espace détente avec des canapés et des livres en différentes langues. L’objectif est d’amener les visiteurs à se désintéresser, peu à peu, des drogues, en leur offrant la possibilité de lire et de suivre une véritable réintégration au sein de la société. Chaque mois, les salles de shoot à Paris accueillent entre 400 à 450 personnes. Pour de nombreux consommateurs, le dispositif leur octroie une véritable bouffée d’oxygène, puisqu'ils ne seront plus obligés d’effectuer leur injection à l’extérieur, à la vue de tous et avec tous les risques sanitaires que cela implique.

“On n'a pas à se préoccuper de la police et des autres personnes qui vous regardent. Même si l’on consomme de la drogue depuis des années, il est toujours possible de faire des erreurs lors de l'injection. Ici [dans la salle de shoot], les professionnels nous préviennent en cas de risques de blessures”, explique un consommateur dans un reportage sur France 24.

Prévenir les risques sanitaires

Pour les professionnels de la santé, les salles de shoot constituent une solution pour prévenir certains problèmes de santé. Il y a, notamment, les risques de contaminations par le VIH et les hépatites. Le procédé peut, en effet, diviser, comme en témoigne le refus catégorique des habitants du Xème arrondissement de Paris. À travers les salles de shoot, les autorités publiques et sanitaires visent, entre-autres, à sécuriser les rues et à sauver des vies. Pour de nombreuses associations, c’est une façon de combattre la toxicomanie à long terme.

Toutefois, il faut rappeler que la France est très en retard par rapport à d’autres pays sur ce plan. En effet, l’hexagone ne compte que deux salles de shoot : l’une à Paris et l’autre à Strasbourg. À titre de comparaison, l’Allemagne en compte 35. L’efficacité du dispositif en matière de lutte contre la toxicomanie a pourtant été prouvée par plusieurs études internationales.