Divers

La France restitue le tambour Ebrié, "un geste historique" souligné par les chefs traditionnels

Les troupes coloniales ont pillé des œuvres d’art ivoiriennes. Un fait historique que les Ivoiriens n’ont pas l’intention d’oublier. Fin décembre 2018, la Côte d’Ivoire fait la demande officielle de récupérer cette partie de son histoire. La première œuvre d’art restituée par l’ancienne force coloniale, est le tambour d’Ebrié, un outil de communication et un moyen de résistance, utilisé par les Ivoiriens au temps des colonies.

Un geste historique

La France a annoncé vendredi qu’elle restituera fin octobre, 26 œuvres pillées en 1892 par l’ex puissance coloniale, au Bénin. Des œuvres seront remises également à la Côte d'Ivoire, dont principalement le Djidji Ayôkwé, le fameux tambour parleur ébrié. L’ex colonie réclame avec insistance la restitution de cet ancien outil de communication, utilisé pour transmettre des messages entre différentes localités. La demande de restitution des œuvres d’art africaines, a été faite par la Côte d’Ivoire fin 2018. Une liste de 148 objets a été dressée par Maurice Bandaman, le ministre de la Culture de l'époque. Le contenu exact a cependant été présenté comme confidentiel.

Selon le ministre, des milliers d'œuvres ivoiriennes se trouvaient dans des musées à l'étranger. En effet, il y en aurait plus de 4 000 au musée du Quai Branly à Paris, ou au Metropolitan Museum of Art à New York. Toujours d’après les dires de Maurice Bandaman, plus de 3000 autres œuvres sont au musée Rietberg (Suisse) ou au musée de Cleveland (États-Unis). Silvie Memel Kassila, directrice du Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, a précisé « Le premier objet que nous demandons est le Djidji Ayokwe, le tambour parleur du peuple Ebrié. C’est un objet symbolique d’une grande importance qui a été arraché pendant la colonisation. ». Le Djidji Ayokwe est actuellement conservé au musée du Quai Branly.

Clavaire Aguego Mobio, actuel détenteur du pouvoir traditionnel des Ébriés, a exprimé son enchantement auprès de l'AFP «Je suis très heureux d'apprendre cette nouvelle. On ne s'attendait même plus à un retour de ce tam-tam qui était notre haut-parleur, notre Facebook» Il est reconnaissant envers Macron : «Nous remercions le président Macron et attendons une suite favorable à cette annonce».

Le tambour d’Ebrié, un moyen de résistance contre les troupes coloniales

Le tambour Ebrié également appelé Djidji Ayôkwé, est une œuvre d’ébrié BENGUI. Ce dernier est un sculpteur ébrié. La fabrication du tambour a pris deux ans et a eu lieu à Anoumabo. L’artisan s’est inspiré d’un modèle réduit ayant été conçu en pays Adioukrou. Richement sculpté et orné, ce tambour mesure 3,50 m sur 0,78 m de diamètre.

Selon une narration des Ebriés d’Adjamé, l'administrateur des Colonies SIMON, a eu l'ordre du Gouvernement Général de “pacifier” (réprimer les résistants) leur pays en 2016. Les forces rebelles avaient recours au Djidji Ayôkwé, qui leur permettaient d'être informés des opérations de répression. Il avait la capacité de se faire entendre d’Abidjan à Bingerville.

Les troupes coloniales se sont quant à elles trouvées affaiblies d'autant plus que les rebelles étaient unies sous un seul commandement pour défendre le village attaqué.

Simon le commandant de cercle des Lagunes dans la Basse-Côte d’Ivoire, avait pour objectif de forcer les habitants de la ville d’Adjamé, aux travaux forcés.

Son échec lui a ouvert les yeux sur l’importance du Djidji Ayokwe. C’est ainsi que les indigènes furent privés de cet instrument. Le tambour fut donc transporté au Chef-lieu de la Colonie à Bingervil, une ville située dans l'agglomération d'Abidjan.