Des pluies torrentielles ont touché plusieurs régions de l’Hexagone depuis le lundi 4 octobre 2021. Marseille n’a pas fait l’exception. En l’espace de quelques heures, des pluies diluviennes sont tombées. Les crues ont été difficiles à évacuer, mais ce n'était pas le seul souci des Marseillais. De fait, les inondations ont mis à nu la situation catastrophique de la gestion des déchets. Ils se sont accumulés de façon inédite. Une situation dénoncée par plusieurs experts et personnalités locales, d’autant plus que la grève des agents de propreté n’a pas arrangé les choses.
Une forte mobilisation pour évacuer l’eau et les déchets
Les quartiers de Marseille ont littéralement croulé sous les ordures. Face à cette situation, pas moins de 650 éboueurs ont été mobilisés pour les nettoyer depuis lundi dernier. L’urgence de la situation a amené le maire de la ville, Benoît Payan, à solliciter l’aide de la métropole Aix-Marseille-Provence.
“Il faut prendre, de toute urgence, toutes les mesures pour le ramassage des ordures qui obstruent les évacuations d’eau. Cela n’a fait qu’amplifier les inondations et rendre le travail des secouristes plus compliqué”, a-t-il déclaré. Il s’agit, pour l’élu, d’éviter une catastrophe écologique à Marseille.
Une catastrophe qui aurait pu être évitée
Isabelle Poitou, biologiste et directrice de l’association MerTerre, considère que la crise des ordures de Marseille aurait pu être évitée. “D’ordinaire, on nettoie les bouches des égouts avant les intempéries à titre préventif. Cependant, c’était peine perdue à cause de la crise des poubelles”, a-t-elle déclaré à l’AFP. La directrice de MerTerre soutient également que la situation risque de s’aggraver, étant donné qu’un fort mistral est attendu. Celui-ci va pousser les déchets accumulés vers les plages.
Pour sa part, l’adjoint au maire de Marseille, Hervé Menchon, assure sur son compte Twitter que les services de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) ont pu repêcher une trentaine de bonbonnes de gaz sur les plages. Il s’agit, selon l’élu, d’une véritable menace sur la biodiversité marine. “On aurait pu éviter cet écocide”, a-t-il encore écrit dans son tweet.
La mer est directement menacée
D’autre part, la directrice de MerTerre, Isabelle Poitou, rappelle que les eaux de pluies partent directement vers la mer à Marseille. “L’hypercentre de la région représente 20 % du territoire. En dehors de cet espace, les réseaux pluviaux ne sont pas raccordés aux stations d’épuration. Les eaux de pluies sont donc directement relâchées, sans être traitées. Elles partent vers la mer”, a-t-elle expliqué à l’AFP.
Le seul point de contrôle qui existe se trouve au niveau des dégrilleurs. Or, lorsque l’eau présente un débit élevé, les barreaux des grilles se desserrent afin de la laisser passer, réduisant ainsi les risques d'inondation. Ce mécanisme laisse inévitablement passer des déchets volumineux qui vont être déversés dans la mer. “Lorsque l’on a affaire à des pluies torrentielles, tout passe à travers les dégrilleurs !”, a déploré la biologiste.
La menace persiste
La semaine de grève des agents de propreté a été l’un des facteurs de l’accumulation des déchets. D’ailleurs, cette mobilisation a été épinglée par la ministre de la Mer, Annick Girardin. “Les discussions entre les syndicats et la métropole ne doivent pas éclipser un sujet essentiel : nous sommes responsables de nos mers et de nos océans !”, a-t-elle écrit sur Twitter.
Pour rappel, la grève avait pris fin le 1er octobre 2021. Les éboueurs ont protesté contre l’harmonisation du temps de travail de tous les agents de la Métropole. Ils souhaitaient, aussi, que cette dernière respecte la loi de transformation de la fonction publique de 2019. Celle-ci prévoit l’application des 35h de travail hebdomadaire à partir du 1er janvier 2022.
Il faut noter, enfin, que l’évacuation des déchets accumulés n’a pas permis de régler la totalité du problème de la ville. La situation risque d'empirer, sachant que Météo France a maintenu l’alerte rouge “pluie-inondation” à Marseille. Les missions de ramassage des encombrants ont donc été suspendues par la Métropole. Celle-ci a privilégié le nettoyage des avaloirs afin d’optimiser l’évacuation des eaux de pluies.