Le dimanche 26 septembre 2021, le peuple allemand s’est fortement mobilisé pour participer aux élections fédérales. Les votes définissent le visage politique de l’Allemagne, pour les quatre années à venir. Cette année, ces élections avaient un goût particulier, puisqu’elles ont été marquées par le départ de la plus célèbre figure de la chancellerie allemande : Angela Merkel.
Emmanuel Macron, futur président de l’Union Européenne, a suivi, de très près, les résultats des urnes. En effet, il a intérêt à trouver un allié solide, en la personne du prochain chancelier.
En fin de soirée, les résultats ont annoncé une victoire en demi-teinte.
Résultats insatisfaisants des élections législatives
Ces élections législatives ont pour but de remanier le Bundestag, de former un nouveau gouvernement et d’élire à postériori, le nouveau chancelier allemand. À l'annonce des résultats, on apprend que les sociaux-démocrates (SPD) sont en tête avec 25,7 % des votes. Ils sont suivis par les CDU-CSU. Ces derniers affichent un score de 24,1 %. Bien que prédit par les sondages, le résultat n’a pas manqué d’en décevoir plus d’un.
En effet, la victoire des sociaux-démocrates, et à leur tête Olaf Scholz, n’a pas suffi aux membres du parti, pour la savourer pleinement. L’écart entre le SPD et l’Union chrétienne-démocrate (CDU-CSU) est tellement serré que cela les place, dans une mauvaise posture. Ils sont, donc, obligés de recourir à des tractations pour former une coalition et se déclarer vainqueurs.
Cependant, il est important de signaler que la réelle défaite est celle des conservateurs. Le parti de la chancelière marque son plus mauvais score, depuis sa constitution en 1949. Ce recul des conservateurs signe une nouvelle tendance européenne à la centralisation. Il peut, aussi, s’expliquer, en partie, par le départ d’Angela Merkel. Cette chancelière a tellement marqué le pays, que le peuple la surnomme Mutti (maman). Armin Laschet, son remplaçant à la tête du parti, est loin d’avoir la même notoriété. Pire encore, ce dernier cumule les fautes graves de communication. Parmi ses ratés, des éclats de rire déplacés lors de la visite d’une région sinistrée, suite aux inondations de juillet 2021. Malgré les résultats du scrutin, Armin Laschet ne perd, pourtant, pas l’espoir de concourir encore au titre du prochain chancelier allemand. Et il a bien raison ! En effet, on compte trois précédents en Allemagne, où le parti arrivé deuxième aux élections, devient le parti majoritaire suite à une coalition.
Des spéculations sur les coalitions possibles
Plus d’une semaine après les élections, l’avenir politique de l’Allemagne reste flou. Et cela risque de durer encore longtemps, comme ce fut le cas en 2017. Actuellement, les deux partis en tête, prédisent la constitution d’un nouveau gouvernement, avant les fêtes de Noël. Ces prévisions sont très incertaines, vu qu’à ce jour, plusieurs tractations sont en cours. Ce qui est sûr, par contre, c’est que les verts et les libéraux (FDP) seront les faiseurs du roi. Ces partis, affichent des scores de 14,5 % pour les premiers et de 11,5 % pour les seconds. Tous les deux doivent, donc, former une coalition tripartite avec l’un des deux partis en tête.
La coalition tripartite sera une première dans l’histoire de l’Allemagne, et ce ne sera pas en sa faveur. En effet, cela fragilisera ses décisions et les retardera. La conciliation entre les verts et le FDP est loin d’être évidente vu leurs programmes respectifs. D’ailleurs, Christian Lindner, à la tête du parti libéral, en est bien conscient et juge, sagement, que ses négociations devraient commencer avec les verts, avant d’aller plus loin. Si cela débouchait sur un accord, ces deux partis devraient choisir entre le SPD et le CDU-CSU.
Contrairement à Laschet, dont la popularité est affaiblie, Olaf Scholz bénéficie d’une notoriété, qui serait la raison de la victoire des sociaux-démocrates selon les politologues. L’actuel ministre des Finances est perçu comme quelqu’un de calme et de très compétent. Mais ses idées, convergeront-elles avec celles des faiseurs du roi au point de signer un accord de coalition ?
Les yeux de l’Europe sont rivés sur la situation allemande et l’évolution de ces tractations.