Vendredi dernier, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a fait l'objet de critiques virulentes. La raison ? Il a passé des vacances à Tofino, en Colombie-Britannique, lors de la première Journée nationale pour la vérité et la réconciliation. Ce lieu de vacances est proche de Kamloops, le site d'une tragédie horrifiante découverte en mai dernier. En effet, les restes de plus de 200 enfants ont été déterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone dans la région de Kamloops située en Colombie-Britannique. Cet incident a donc été très mal perçu aussi bien par la classe politique que par le peuple autochtone.
Une polémique à grande échelle
Cette décision perçue comme irresponsable et irréfléchie a été dénoncée notamment de la part d'une organisation représentant les femmes et les filles autochtones. L’Association des femmes autochtones du Canada (Native Women's Association of Canada) a déclaré avoir été choquée voire horrifiée par ce fait. Ce voyage vient contredire une précédente déclaration du politicien. Il avait précédemment affirmé que la relation la plus importante pour le gouvernement libéral était celle qui le réunissait aux peuples autochtones.
La présidente de l’organisation, Lynne Groulx a qualifié cette déclaration de paroles creuses. Selon elle, Trudeau n’a pas pris le temps de réfléchir à la tragédie des enfants indigènes. Il a plutôt préféré se diriger vers Tofino pour des vacances. Aussi, Judith Sayers n’a pas manqué de s’exprimer sur le sujet. En tant que présidente du Conseil tribal Nuu-chah-nulth, elle a estimé que cette action irréfléchie contredisait la rhétorique de Trudeau. Ce conseil réunit 10 000 membres issus de 14 Premières Nations de la région.
Le chef du parti du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a même décrit ce geste comme étant irrespectueux. Il n’a pas hésité à utiliser des termes accusateurs. En qualifiant Trudeau de « frivole », il décrit cette décision comme étant un « manque de compassion et de considération ». De même, Charlie Angus, un député néo-démocrate, a dit que la décision de Trudeau était une erreur grossière de jugement. Les clichés publiés par Global News, montrant Trudeau et sa femme sur la plage, n’ont fait qu’accentuer la polémique.
Les excuses du premier ministre
Suite à la controverse provoquée par son séjour à Tofino, Trudeau a présenté ses excuses. Dans un le cadre d’un point de presse, il a affirmé que choisir la date du 30 septembre était une erreur. De plus, il a promis qu’il visiterait très bientôt la tribu Tk’emlups te secwépemc. « Je veux arranger les choses. J’ai hâte de visite la communauté Tk’emlups te secwépemc en personne très bientôt. » assure-t-il. Rappelons que la cheffe de la nation Tk'emlúps te Secwépemc, Rosanne Casimir, avait déjà invité Trudeau à leur rendre visite. À deux reprises, elle n’avait reçu aucune réponse de la part du politicien.
Cette première journée nationale de la vérité et de la réconciliation représentait un effort de bâtir des relations harmonieuses avec les peuples indigènes. Il s’agissait d'un moment d’unité et de rapprochement pour aller ensemble vers un avenir commun. Rappelons qu’elle a été instaurée en mémoire des 215 enfants autochtones dont les cadavres ont été retrouvés à Kamloops, en Colombie-Britannique au printemps dernier.
L'expression de son regret ne semble pourtant pas faire oublier ce faux pas décrié à grande échelle. Commentant ces excuses publiques, le chef bloquiste Yves-François Blanchet n'a pas transigé. Il a souligné que Trudeau n’était plus crédible. En contrepartie, le ministre canadien de l’environnement, Jonathan Wilkinson a voulu soutenir Trudeau. Il a tenu à le défendre et a évoqué ses efforts dans la réconciliation avec les peuples natifs. Il a jugé que c’était malheureux de remettre en question l’engagement de Trudeau et de ne pas tenir compte de son bilan de carrière.