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Un moniteur d’auto-école condamné à Flixecourt

Une affaire de harcèlement sexuel a éclaté à Flexicourt. Le principal accusé est un moniteur d’auto-école qui a eu les mains baladeuses sur des jeunes mineurs en 2018. En dépit de la gravité de ses agissements et de la plainte de plusieurs victimes, cet homme de 48 ans a eu une condamnation minime : 4 mois de prison avec sursis.

Des souvenirs douloureux

En se remémorant les faits, l’une des filles qui n’avait pas encore 18 ans à l’époque, a affirmé que l'agresseur n’hésitait pas à la toucher durant les séances de conduite. Le harcèlement répété, pendant ses 20 heures de cours, avait provoqué chez elle une peur d’aller à ces séances d’apprentissage. Le témoignage de la victime a aidé les gendarmes à identifier d’autres jeunes femmes ayant vécu le même enfer. Les trois autres victimes ont partagé leurs expériences douloureuses avec la police. Leurs récits concordants et la similitude des détails ont confirmé les agissements abusifs du moniteur.

Ces anciennes élèves de l’auto-école de Flexicourt et Saint-Ouen ont décrit avec horreur la manière dont cet homme profitait de son statut de moniteur pour agir en toute impunité. Ce quadragénaire n’hésitait pas à mettre sa main sur la cuisse de sa victime, sans le moindre scrupule. Il commençait par toucher le haut de la jambe et glissait ensuite vers l'entrejambe. Par ailleurs, l’une des jeunes filles a déclaré que le harcèlement avait lieu quand ils étaient seuls dans la voiture. En effet, le comportement de l'agresseur a changé en présence de la mère de l'une des victimes. Lorsque celle-ci avait accompagné sa fille, pendant les premières heures de conduite, l'agresseur a arrêté de s’adonner à ses attouchements.

Les quatre filles ont également parlé d’une autre habitude écœurante. Il forçait l’élève à toucher sa jambe en la collant exprès au levier de vitesses. L'une d'elles se souvient qu'elle avait touché son genou par erreur parce qu'il était trop près du levier.

Un prédateur sexuel

Ces heures de conduite relevaient de la torture. En plus des attouchements qu’elles subissaient, les victimes parlent de propos pervers. Les cours se déroulaient dans une ambiance malsaine qui mettait ces lycéennes face à un calvaire psychologique. De plus, le moniteur recourait à d'autres ruses pour toucher également leur poitrine. Au moment d’un freinage brusque ou d’un tournant rapide, il masquait sa perversion par des plaisanteries. « Ça va ton cœur, il bat encore ? Tu ne vas pas faire un arrêt cardiaque ? » se rappelle une plaignante avec horreur. L’une des élèves a déclaré qu’il était aussi habile dans le détournement de leurs propos. Il n’hésitait pas non plus à déclarer que ça ne le dérangeait pas « d’aller plus loin ».

Le harceleur, était le gérant de l’auto-école, et l’établissement est à présent fermé. Arrêté par la police, il a été interrogé sur les accusations des 4 filles. Mais il a tout de même nié les faits. Son avocat, Maître Jérôme Crépin, a voulu mettre son client hors de cause. Il a plaidé la relaxe en présentant des témoignages dépeignant un moniteur « exemplaire ». Les parties civiles ont réussi à démontrer la véracité des faits. Elles ont été représentées par Mes Stéphane Daquo et Christophe Hembert. L’écart entre le moment des faits et le dépôt de la plainte a été justifié par l’âge des victimes. Ces jeunes filles étaient sous pression et craignaient de ne pas obtenir leurs permis de conduire.

La décision des juges était inférieure aux réquisitions du parquet. En effet, la loi implique une sanction d’un an dont 6 mois avec sursis. Ainsi, la condamnation à seulement 4 mois avec sursis est insuffisante face à la gravité des faits. Elle ne semble pas tenir compte de l’impact psychologique de cet incident et de la douleur vécue par ces jeunes filles. Aussi, la légèreté du châtiment permettra à cet ancien moniteur de reproduire ses agissements et de faire du mal à d’autres personnes.