Divers

RSE : Simple argument de vente ou réelle volonté de faire bouger les lignes ?

La RSE (responsabilité Sociale/sociétale des entreprises) est une notion très à la mode ces dernières décennies. Son importance s’est accrue avec les questions climatiques où l’humanité s’interroge sur la finalité des activités des entreprises en questionnant leurs impacts sur la planète et les générations futures.

Depuis, de nombreuses entreprises se sont lancées dans la RSE. Est-ce un simple argument commercial ou une réelle volonté de faire changer les choses ?

La RSE, Qu’est-ce que c’est ?

Selon la Norme ISO 26 000 relative à la responsabilité sociale des entreprises, la RSE est « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui – contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ;- prend en compte les attentes des parties prenantes ;- respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement ; et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations ». Il s’agit donc de l’ensemble des actions mises en œuvre par l’entreprise pour assurer le développement durable.

C’est dans les 1950 que l’idée que les entreprises doivent faire de la RSE a vu le jour avec les travaux d’un américain : Howard BOWEN qui explique les raisons pour lesquelles une entreprise à intérêt à faire de la RSE. Pour Howard, les entreprises gagneraient davantage à ne pas se concentrer exclusivement sur la recherche de profit mais à s’intéresser également à améliorer leur impact dans la société et sur l’environnement. Puis depuis les années 1990-2000, avec la mondialisation et les questions actuelles d’écologie, la RSE s’est répandue dans le monde et a même été arrimée par l’ONU au développement durable. Plusieurs pays y adhèrent, c’est le cas de la France qui a voté différentes lois telles les lois NRE, Grenelle, les lois de Vigilance qui obligent les entreprises à un certain nombre de choses devant assurer une amélioration de l’environnement.

Les piliers et domaine d’action de la RSE

L’action de la RSE s’étend autour de 7 questions principales :

– Les droits de l'homme

– La gouvernance de l'organisation

– Les bonnes pratiques des affaires

– L'environnement

– L'engagement social

– Relations et conditions de travail

– Les questions relatives au consommateur

Elle vise l’élaboration d’un monde vivable sur une planète viable et porte sur trois dimensions :

La dimension sociale(sociétale), la dimension économique et la dimension environnementale. C’est pourquoi la RSE s’institutionnalise, toutes les entreprises s’y lancent et l’Etat, se positionnent comme un garant de l’éthique préconisé par la RSE à travers différents labels dont le plus célèbre reste le label de la responsabilité sociale qui évalue les entreprises selon différents critères.

La RSE : simple argument ou véritable volonté de changement ?

La RSE profite aujourd’hui des évolutions technologiques et change. Elle s’impose rapidement et de plus en plus dans le monde des entreprises et entre dans l’élan d’une nouvelle stratégie d’ouverture de l’entreprise sur ses parties prenantes : clients, actionnaires, travailleurs. Pour y arriver, de nouveaux outils tels l’Analyse de Cycle de Vie, le bilan Carbonne se développe afin de mesurer les performances des entreprises en ce qui concerne le développement durable. Toute cette démarche permet aux entreprises d’étendre leur marché en améliorant leurs performances et leur image chez les consommateurs de plus en plus exigeants en ce qui concerne la protection de l’environnement.

Aujourd’hui l’action de la RSE est de plus en plus réduite à une relation publique pour l’entreprise. Et pour cause, elle ne couvre pas le domaine du civisme fiscal ce qui permet à de nombreuses entreprises de passer sous silence les mauvaises pratiques fiscales telles les optimisations, les fraudes.

D’autre part, chaque société bénéficie d’une totale liberté méthodologique pour remplir les obligations fixées par les lois énoncées plus haut. Cette liberté est utilisée par ces entreprises pour truquer les rapports. Les conditions de responsabilité juridique des entreprises en cas de manquements à ces obligations n’ont pas été précisées par la loi. Cet état de choses permet de douter de l’efficacité de la RSE surtout lorsque l’on sait que c’est l’entreprise auditée qui paie l’auditeur. L’auditeur est donc « tenu » de lui offrir une bonne note, s’il veut continuer par être payé. Cela pose clairement un problème d’indépendance en même temps qu’un problème de privatisation de la régulation.

En fin, de graves contradictions remettent en cause toute l’importance de la RSE. Il n’est pas rare que des entreprises clament publiquement leur engagement à la RSE alors qu’elles adoptent des pratiques totalement opposées aux principes de la RSE. C’est le cas de McDonald’s qui a longtemps clamé son adhésion à la RSE mais qui a été traîné en procès pour une affaire d’éthique. C’est aussi le cas de Shell, société précurseur de la RSE en Europe qui a retenu les informations en ce qui concerne ses stocks pétroliers. Wal-Mart est aussi une société qui illustre cette contradiction pour ne citer que ceux-là.